LE FAIT DE PARTICIPER à un gouvernement n’entraîne pas automatiquement une adhésion aux principes défendus par la majorité. On peut très bien dire que si un homme ou une femme de gauche qui rejoint le gouvernement change de conviction, l’ouverture est ratée, dès lors que le principe devrait consister à avoir au sein de l’équipe des gens de gauche qui restent à gauche. Dans le cas d’Éric Besson, récemment nommé ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, ce n’est pas lui faire injure que de d’admettre qu’il n’est plus de gauche, peut-être parce qu’il ne l’était pas vraiment avant de s’en rendre compte ; dans le cas de Martin Hirsch ou de Fadela Amara, qui refusent de dire pour quelle liste ils vont voter en soulignant qu’après tout le vote individuel est secret, donc privé, on ne saura jamais en fait à qui ils auront apporté leurs suffrages. Ils peuvent souhaiter la victoire de la gauche, bien qu’ils soient dans un gouvernement de droite ou au contraire estimer que, pour le moment, c’est la droite qui leur permet de procéder à des actions que la gauche devrait revendiquer. Pour ce qui concerne Bernard Kouchner, qui a déclaré qu’il voulait d’abord voir les programmes (ce qui lui aurait été suggéré par Nicolas Sarkozy) pour ensuite annoncer qu’il voterait UMP, la situation était peut-être plus délicate parce que son ministère des Affaires étrangères est l’un des plus importants. Il demeure que la gestion des relations internationales par les socialistes serait proche et probablement moins inventive que celle de M. Sarkozy.
Tous à l’aise.
Les ministres venus de la gauche ont été soumis à une épreuve injuste. Ils sont tous à l’aise à leur poste. Ils peuvent témoigner qu’ils ont pu appliquer des idées (surtout Martin Hirsch) que les socialistes ne leur ont pas donné l’occasion de mettre en uvre. Ils peuvent dire que, si les nécessités politiciennes et surtout les ambitions personnelles aigrissent le discours politique, la réalité du terrain est très différente : un gouvernement de droite lance le RSA, sans doute la mesure sociale phare du quinquennat ; le bilan de Mme Amara est moins visible, mais elle estime avoir les mains libres ; quoi que l’on pense de M. Besson, il n’y a que les hypocrites pour défendre l’idée que nous devions ouvrir les bras à tous les immigrés clandestins. D’ailleurs, ce qui est regrettable, c’est que la gauche n’aura pas avant longtemps la possibilité d’appliquer ses projets, pour autant qu’elle en ait. On voit, dans le regard des ministres d’ouverture, la petite lueur de leur scepticisme quant à la manière dont le PS fait campagne non pas pour dire ce qu’il ferait, mais pour attaquer le chef de l’État, et lui seul. On reproche à M. Sarkozy de vouloir tout faire, mais il est chaque jour la cible de toutes les attaques des socialistes, de l’extrême gauche, des Verts, du Front national, des villiéristes, du MoDem, de tout ce qui n’est pas UMP. Et on a envie de demander à Olivier Besancenot et à Marine Le Pen ce qui les distingue tant leurs propos antisarkozystes se ressemblent, tant ils trouvent de souffle et d’éloquence dans la détestation absolue, comme si le président seul déterminait tout ce qui concerne la vie quotidienne des Français, comme s’il était responsable de tout. Vous ne pouvez pas dire à cet homme qu’il ne doit pas se mettre en avant en toute circonstance et en même temps l’attaquer avec une telle vigueur et une telle hargne qu’il va être conduit à se défendre sur le champ. On est las de la faiblesse et de la répétition des mêmes arguments. Et si le PS ou le MoDem accédaient au pouvoir, qu’auraient-ils à dire dès lors que M. Sarkozy aurait politiquement disparu ?
Sur la vraie ouverture.
Sans doute l’erreur du chef de l’État est-elle de concevoir l’ouverture comme un instrument de domination politique plus que comme une passerelle vers d’utiles idées de la gauche. Certes, l’adoption du RSA montre que, pour affaiblir un peu plus la gauche, il est capable de payer le prix d’une mesure sociale il est vrai éclatante. Mais l’exercice est compliqué parce que les personnalités qu’il peut débaucher doivent nécessairement se situer à la marge, comme Claude Allègre, qui est lui-même, c’est-à-dire une personnalité originale, avant d’être socialiste ou l’ami personnel de Lionel Jospin. Les palidonies auxquelles donne lieu sa prochaine cooptation au gouvernement, peut-être comme ministre de l’Industrie, et la querelle entre M. Allègre et Pierre Moscovici, qui a vendu la mèche un peu trop tôt, en disent long sur le désir d’agir de l’ancien ministre de l’Éducation, sur sa sarkocompatibilité et sur le danger qu’il représente à cause de son franc-parler et son affranchissement absolu des règles strictes de la disciplne gouvernementale. Serait-il vraiment un ministre d’ouverture ? Il serait plus un Besson qu’un Hirsch. Le ministère de l’Industrie a-t-il de cet homme un besoin absolu ? Non, M. Sarkozy veut seulement arracher à la gauche un autre de ses fleurons (pour autant que les socialistes ne soient pas soulagés de le voir uvrer ailleurs que sur leurs plates-bandes). On aura peut-être remarqué que Pierre Moscovici, quand il a déclaré que M. Allègre, son ami, entrerait cerrtainement au gouvernement, était pratiquement enthousiaste. Il y voyait la consécration de quelqu’un qu’il admire. C’est à M. Moscovici que M. Sarkozy devrait proposer un poste au sein du gouvernement.
C’EST À MOSCOVICI QUE SARKOZY DEVRAIT PROPOSER UN MINISTÈRE
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