DE NOTRE CORRESPONDANTE
LANCÉ en 2008, ce projet un peu fou commence à prendre forme : plusieurs établissements accueillant des personnes lourdement dépendantes fonctionnent déjà et les premiers habitants emménageront d’ici un an.
« Humanicité est avant tout un projet urbain, précise Jean-Claude Sailly, chargé de mission à la Catho, l’aménageur du quartier. Nous essayons d’anticiper la ville de demain en concevant une cité harmonieuse, agréable à vivre pour tous : les mères de famille comme les personnes âgées avec leur canne, les personnes dépendantes ou non. »
Dans cet écoquartier prendront place de nombreux établissements accueillant des personnes fragilisées. Trois d’entre eux ont déjà ouvert leurs portes. La Vie devant soi, foyer médicalisé pour patients ayant un traumatisme crânien ou des lésions cérébrales, accueille une trentaine de patients, dans des petites maisons reliées entre elles. Il met en œuvre un programme de réinsertion grâce à des travaux d’élevage et de maraîchage.
La maison médicale Jean XXIII, qui totalise 60 lits de soins palliatifs ainsi qu’une équipe mobile, et le lieu d’accueil Marthe-et-Marie, qui offre une permanence d’écoute et une chapelle, sont déjà opérationnels.
Ouvert en avril, le centre Hélène-Borel accueille une cinquantaine de personnes lourdement handicapées à la suite de lésions neurologiques ou de maladies chroniques évolutives. Malgré l’importance de leur dépendance, ces patients nécessitant des soins constants revendiquent le droit d’aller et venir librement. « C’est pour cette raison que nous sommes venus nous implanter ici, pour permettre aux patients de sortir et d’investir la ville dans tous ses aspects, explique Caroline Nio, la directrice du centre. Le quartier est physiquement accessible, grâce à ses aménagements spécifiques. Reste à assurer l’accessibilité culturelle et sociale, ce qui suppose l’organisation d’expositions, de conférences, pour que la culture vienne jusqu’à nous. Nous espérons que l’expérience va prendre, et qu’elle changera le regard de l’autre sur les personnes différentes. »
Loin du ghetto.
D’autres équipements vont suivre dans les prochains mois : un foyer d’hébergement pour sans-domicile-fixe devenus dépendants, une maison d’accueil pour handicapés spécialisée, gérée par l’association des Papillons Blancs, ou encore un établissement d’accueil pour personnes sourdes de naissance devenues dépendantes. Fragilisées par leur problème de communication, elles seront soignées par un personnel spécialement formé au langage des signes. Un foisonnement de structures qui va porter à 600 le nombre de personnes dépendantes vivant dans le quartier.
« De par son urbanisme novateur, Humanicité sera accessible à toutes les personnes fragilisées, mais il n’est pas question d’en faire un ghetto, assure Jean-Claude Sailly. Le quartier comptera aussi des commerces, des logements, des résidences étudiantes et des établissements universitaires (dont une école d’infirmières) pour garantir la plus grande mixité sociale. Nous pensons que les personnes valides peuvent s’enrichir au contact de personnes dépendantes. Côtoyer des handicapés qui ne se cachent pas permet d’être en vérité avec nos propres fragilités. »
Reste à faire vivre ce nouveau quartier. L’urbanisme favorisera le brassage et les liens intergénérationnels. Pour le reste, tout est à inventer !
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation