FAIRE EN SORTE que les professionnels de santé connaissent davantage les problématiques spécifiques des personnes en situation de handicap, telle est l’une des grandes missions de Marie-Arlette Carlotti. La ministre déléguée chargée des personnes handicapées promet, en effet, « d’intégrer pleinement leurs besoins dans les politiques publiques et particulièrement, dans les politiques de santé, conformément à l’engagement du gouvernement ».
Pour atteindre cet objectif, elle s’appuiera - entre autres - sur le rapport de Pascal Jacob, président de l’association Handidactique I = MC², qui devrait lui être remis dans le courant du mois d’avril, mais aussi, sur les conclusions du colloque « Accès aux soins et à la santé des personnes handicapées ». Un colloque riche en enseignements, qui a notamment mis en exergue le problème de formation auquel est confronté l’ensemble du personnel soignant hospitalier, y compris les médecins. « Aujourd’hui, les infirmiers, brancardiers, et même les médecins, se sentent souvent démunis devant une personne infirme moteur cérébral ou ayant des troubles du comportement. Car ils n’ont jamais appris les modes de communication permettant d’échanger avec les personnes en situation de handicap », souligne Axel Kahn, président de la FIRAH (Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap).
Échange patient/soignant, un prérequis.
L’échange, patient/soignant est, pourtant, fondamental. Sans ce prérequis, les personnes handicapées restent exclues du système de santé. Aujourd’hui, faute de trouver des professionnels de santé formés à leurs besoins spécifiques, un grand nombre de patients handicapés sont - par exemple - contraints de se rendre aux urgences pour trouver une solution à leurs divers maux. Ils sont souvent obligés de réaliser leurs soins courants (bucco-dentaires, ophtalmologiques...) à l’hôpital. Et sont, surtout, confrontés aux appréhensions des professionnels de santé qui méconnaissent le handicap sous ses diverses formes.
Face à ce constat, les experts du handicap s’accordent sur la nécessité d’améliorer la formation initiale et continue des soignants. « Les personnes handicapées sont des révélateurs des défauts de notre système de soin. La marchandisation de la santé et la transformation de l’hôpital en unités de production d’actes médicaux sont inacceptables car inefficaces pour les personnes handicapées. Pour sortir de cette situation, il faut former tous les soignants au handicap. Or, à l’hôpital, nous avons à faire des mondes cloisonnés, qui ne parlent pas la même langue et qui ont des niveaux de formation dissemblables. La gageure, c’est de réussir à réunir le personnel soignant et les professionnels du handicap - lors de moments de formation en commun - afin que les uns puissent apprendre de l’expérience des autres. Pour cela, il faudra faire preuve d’imagination pédagogique », indique José Puig, directeur de l’association Handidactique I = MC².
Reconnaissance financière.
Lors de ces sessions de formation, les personnes handicapées auront, par ailleurs, une réelle légitimité et un savoir à partager avec les soignants et professionnels du handicap.
Gilles Kemoun, médecin MPR au CHU de Poitiers, n’en doute pas. Il estime, pour sa part, qu’il est « nécessaire de former au handicap toutes les personnes qui se destinent à des professions de santé. Et d’obtenir une vraie reconnaissance, voire une qualification complémentaire pour les soins hospitaliers prodigués aux personnes handicapées ».
Enfin, Pierre Gauthier, président de l’union nationale des instituts de formation et de recherche en intervention sociale va plus loin. Selon lui, pour que les personnes handicapées puissent être mieux prises en charge à l’hôpital, pour que les médecins leur accordent plus de temps, « une reconnaissance gestionnaire et financière (sous forme de T2A spécifique, par exemple) pour l’accueil et le soin du patient handicapé sera indispensable ».
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