LE NOUVEAU SERVICE de néonatologie et de réanimation néonatale de l’hôpital Cochin à Paris, a ouvert ses portes le 15 février 2012. Doté de 63 lits, ce service permet notamment la prise en charge des grands prématurés. L’organisation spatiale a été revue pour augmenter les chances de survie des nouveau-nés en détresse, puisque les équipes de réanimation disposent d’un accès direct aux salles de naissances, qui sont situées au même étage. De même, le Pr Pierre-Henri Jarreau explique que le transfert in utero, lorsque des risques de complications sont connus pendant la grossesse, offre plus de chance à l’enfant. « Si l’enfant naît sur place, qu’il n’y a pas besoin de le transporter, c’est un facteur de pronostique majeur », souligne le chef du service de médecine et réanimation néonatales.
Dans ce nouveau service, les enfants prématurés sont placés dans des chambres individuelles, à l’exception des jumeaux ou des triplés. Cela permet d’éviter que le bébé soit soumis à trop de stimuli extérieurs, auxquels il n’est pas prêt à être confronté.
Les enfants, mais également les parents font l’objet d’une attention particulière. « Prendre en charge des familles pendant des semaines ou des mois, c’est ce qui est lourd pour les équipes », reprend le chef du service. « L’hospitalisation peut durer 4 ou 5 mois. »« C’est vraiment un choc pour les parents de voir leur enfant dans la couveuse. Ils ont du mal à voir le bébé parmi tous ces fils. Ici la notion psychologique est prédominante », poursuit le Dr Élodie Zana-Taïeb, ancienne chef de clinique du service.
Parfois la question de savoir s’il faut réanimer un enfant qui va naître prématurément se pose. En France il n’y a pas de cadre légal, mais au-dessous de 24 semaines, les médecins du service choisissent de ne pas tenter de réanimation. « Il faut une approche individualisée, car la façon dont on détermine le terme n’est pas précise. De même qu’il y a une marge d’erreur de 10 % lorsque l’on estime le poids d’un enfant », note le Pr Pierre-Henri Jarreau. « Nous essayons de déterminer les circonstances favorables et défavorables. Nous discutons avec les parents et leur avis est déterminant. »
Travaux de recherche.
Les grands prématurés doivent faire face à de nombreuses difficultés. L’une d’elle, la dysplasie broncho-pulmonaire, touche 4 000 d’entre eux chaque année. « Il s’agit d’une maladie respiratoire chronique et prolongée de l’enfant prématuré. Ces enfants ont besoin qu’on les aide plus longtemps que les autres à respirer », explique le Pr Pierre-Henri Jarreau. La pathologie est liée à un arrêt précoce du développement pulmonaire de ces enfants, qui sont plus souvent réhospitalisés que les autres, notamment pour des bronchiolites. « Malgré des progrès conséquents ces vingt dernières années, cette maladie reste un des problèmes majeurs de la grande prématurité », continue-t-il.
La fondation PremUp, une institution de recherche et de soins dédiée à la naissance, mène des travaux sur le poumon du prématuré et la dysplasie broncho-pulmonaire. Après un premier financement en 2009, la fondation Air Liquide apporte de nouveau son soutien à cette institution. L’aide de 250 000 euros viendra soutenir les travaux du Dr Élodie Zana-Taïeb. La fondation Air Liquide existe depuis quatre ans, et soutient des projets dans 3 secteurs, l’environnement, les micro-initiatives et la santé. Elle encourage aussi la recherche scientifique sur la fonction respiratoire.
Les études cliniques et fondamentales auront pour but de déterminer si les maladies respiratoires des prématurés sont programmées pendant la grossesse. À l’origine de cette question, des études épidémiologiques, qui montrent que les enfants prématurés nés avec un retard de croissance intra-utérin (RCIU), présentent plus souvent des dysplasies broncho-pulmonaires. Les travaux qui doivent durer deux années visent donc à en déterminer la cause et conduire, à terme, à la mise au point de nouveaux traitements.
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