Un clip électrochoc. La rumeur qui a précédé sa sortie n’a fait qu’attiser la polémique. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a estimé que les images du vidéoclip sur le harcèlement à l’école qui accompagne le nouveau single du groupe Indochine, « College boy » étaient d’une « violence insoutenable ». Françoise Laborde, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a déclaré que le groupe de travail sur la jeunesse et la protection des mineurs qu’elle préside allait étudier la question. « Il devrait y avoir au minimum une interdiction aux moins de 16 ans et peut-être une aux moins de 18 ans », a-t-elle précisé.
Mortelle mécanique
La vidéo en noir et blanc, tournée par le jeune réalisateur québécois Xavier Dolan, raconte le harcèlement dont est victime un jeune homosexuel. Intimidation de ses camarades, aveuglement et silence des membres de son entourage – parents, enseignants, policiers –, l’élève vit un enfer. Le film décrit la mortelle mécanique qui conduit du jet de boulettes de papier, au passage à tabac, puis à la crucifixion du jeune ado dans la cour de l’école et son exécution par balles que ses camarades filment sur leur téléphone portable alors que les adultes se voilent la face.
Les auteurs, évoquant les images choc de la sécurité routière, entendent s’inscrire dans une démarche plutôt éducative. « Certains gamins se suicident parce qu’ils sont harcelés par d’autres élèves. C’est un point de vue sur une réalité qui existe », s’est défendu le chanteur Nicola Sirkis interrogé par le Parisien/Aujourd’hui en France. Le réalisateur Xavier Dolan explique avoir voulu « envoyer aux jeunes l’illustration logique et concrète de la violence dont ils sont victimes, acteurs ou observateurs ». Il estime que la lutte contre le harcèlement à l’école doit utiliser « des méthodes plus radicales que des clips publicitaires de 30 secondes » que personne ne regarde.
Pas de fatalité
Le clip d’Indochine « est une œuvre artistique, qui en cela doit être respectée et qui a le mérite de rappeler l’importance et la gravité du phénomène de harcèlement à l’école. Il n’est pas question de censure », a indiqué Éric Debarbieux, en charge de la prévention de la lutte contre la violence en milieu scolaire et auteur d’un rapport sur le sujet en 2011. Lui aussi souligne toutefois « le caractère outrancier de ces images, qui sont d’une violence insoutenable ». Il regrette par ailleurs que le film « ne montre aucune solution, alors qu’elles existent. Il n’y a pas de fatalité au harcèlement. Les pays qui ont mis en place des politiques énergiques contre ce phénomène, comme la Finlande, sont parvenus à le diviser par trois ». Il rappelle qu’une série d’initiatives est en cours de réalisation, dont notamment un dessin animé et un clip dénonçant l’homophobie à l’école. Selon une enquête du ministère de l’Éducation nationale, un élève sur 20 se dit harcelé de manière sévère ou très sévère, créant « un état d’insécurité permanent dont les conséquences sont lourdes sur le plan scolaire mais aussi en termes d’équilibre psychologique et émotionnel et de développement de l’enfant ou de l’adolescent ». Après les Assises nationales sur le harcèlement à école en mai 2011, un plan d’action a été mis en place avec notamment une ligne téléphonique dédiée et gratuite, « STOP harcèlement » (0808.80.70.10) et un site Internet.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque