Après la décision du Sénat italien d’autoriser un traitement controversé à base de cellules souches mésenchymateuses, la communauté scientifique internationale réagit. Dans un appel publié dans la revue scientifique « Embo Journal » qui fait partie du groupe britannique « Nature », 13 scientifiques dont 2 Italiens et 10 Allemands, Américains, Britanniques et Hollandais demandent à l’Union européenne d’intervenir contre la fondation Stamina. Fondée en 2009 par Davide Vannoni, professeur de lettres et de psychologie, cette société a créé un protocole de thérapies à base de cellules souches mésenchymateuses. Une méthode entérinée par le sénat italien le 10 avril dernier qui a approuvé un décret-loi autorisant ce traitement dans le cadre de certaines maladies dégénératives.
Une première
« L’agence du médicament Ema et l’Union européenne doivent analyser au plus vite le "cas de l’Italie" et intervenir dans la mesure où le Parlement italien violerait les normes européennes en insérant les injections de cellules dans la catégorie des transplantations et en soustrayant cette méthode au contrôle de l’Agence italienne du médicament », soulignent les chercheurs.
La communauté scientifique internationale intervient pour la sixième fois contre les mesures adoptées par le Sénat italien et les tribunaux saisis par les familles des malades ayant autorisé le recours à la méthode Stamina. Durant les deux derniers mois, par exemple, deux appels ont déjà été lancés dans la revue « Nature » par plusieurs experts comme Shinya Yamanaka, prix Nobel de médecine, et le network scientifique Eurostemcell. « Ce qui est grave, c’est qu’un gouvernement décide de sponsoriser des traitements semblables dans des pays où la règle veut que les patients soient protégés par la médecine et que l’on évite des conséquences graves », s’insurgent les scientifiques en colère. L’affaire italienne représente une première dans la mesure où la Péninsule autorise légalement des traitements qui n’ont pas fait leur preuve. « Le cas de l’Italie est identique à deux autres épisodes, le premier aux États-Unis, l’autre en Allemagne où le traitement a entraîné la mort du patient. Mais dans ces deux pays, les traitements ont été interdits par les autorités compétentes et, dans un cas, la personne qui proposait ce type de protocole a été arrêtée », rappellent les scientifiques.
Une brèche ouverte
Le fait que les traitements soient autorisés à titre « compassionnel » et soient remboursés par la Sécurité sociale italienne, leur semble constituer une situation « inadmissible ». Les experts, qui réclament l’intervention de l’Union européenne, soulignent le danger de l’attitude italienne qui « ouvre une brèche dans les barrières hissées par les autorités de régulation pour protéger les patients face à des fraudes probables. »
Elena Cattaneo, directrice du Centre de recherches sur les cellules souches de l’université de Milan, renchérit : « Les traitements à base de cellules souches mésenchymateuses sont basés sur des méthodes qui n’ont pas été vérifiées d’un point de vue strictement scientifique. L’affaire Stamina ouvre une voie royale aux aventuriers véreux et risque de désagréger les systèmes de santé publique, de détruire les efforts mis en place pour traduire la science en médecine et pousse les pays à gaspiller les fonds destinés à la Santé. » Reste à voir comment réagira l’Union européenne et surtout le Parlement et le Sénat italien.
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque
Autisme : la musique serait neuroprotectrice chez les prématurés
Apnée du sommeil de l’enfant : faut-il réélargir les indications de l’adénotonsillectomie ?
Endométriose : le ministère de la Santé annonce une extension de l’Endotest et un projet pilote pour la prévention