Alors que le passe vaccinal entre en vigueur ce 24 janvier, les dernières données de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) confirme « la surreprésentation des personnes non vaccinées dans les événements liés au Covid par rapport à leur part dans la population générale, et la protection conférée par le vaccin contre les formes graves ».
Obtenues par le rapprochement des informations issues de SI-VIC, SI-DEP et VAC-SI, ces données montrent d’abord la « hausse fulgurante » des tests positifs portée par Omicron depuis la mi-décembre, jusqu'à atteindre 95 % des nouveaux cas détectés du 10 au 16 janvier. Mais sa part dans les hospitalisations reste plus faible. Sur la même période, le nouveau variant représente 73 % des admissions hospitalières conventionnelles et 54 % des entrées en soins critiques.
Si les données font ainsi apparaître une sous-représentation d’Omicron dans les hospitalisations au regard de sa part parmi les cas positifs, elles montrent également une proportion d’hospitalisations « plus élevée » chez les moins de 60 ans, et plus particulièrement chez les 20-40 ans, avec Omicron, par rapport à Delta, « durant les cinq dernières semaines considérées » : « proportionnellement », elle est plus importante « parmi les moins de 40 ans pour les hospitalisations conventionnelles et parmi les moins de 20 ans pour les soins critiques », est-il relevé.
Près de six admissions sur dix en soins critiques sont des non-vaccinés
La Drees rappelle tout de même que « la probabilité d’être hospitalisé avec Omicron est plus faible qu’avec Delta, notamment pour les personnes âgées entre 40 ans et 80 ans », mais aussi que « la fréquence des entrées en soins critiques pour Omicron est beaucoup plus faible que celle observée pour Delta, quel que soit le statut vaccinal ».
Les personnes non vaccinées sont en revanche surreprésentées parmi les cas, parmi les hospitalisations, mais aussi parmi les décès. Entre le 13 décembre et le 9 janvier, « alors qu’elles représentent 9 % de la population âgée de 20 ans et plus, elles représentent 16 % des personnes testées positives par RT-PCR et déclarant des symptômes, 42 % des personnes admises en hospitalisation conventionnelle, 57 % des entrées en soins critiques et 46 % des décès », est-il souligné.
Concernant l’efficacité des vaccins, « bien que plus faible », elle « persiste contre Omicron », lit-on. Entre le 13 décembre et le 16 janvier, 440 patients positifs sont entrés en soins critiques avec Omicron pour 10 millions de non-vaccinés, alors que les nombres d’entrées sont seulement de 223 pour 10 millions de vaccinés sans rappel et de 194 pour les vaccinés avec rappel.
Contre Omicron, l’efficacité vaccinale boostée par le rappel
Selon les estimations de la Drees, la protection contre une infection symptomatique avec Delta après une vaccination sans rappel est estimée à environ 70 % et atteint plus de 90 % après un rappel. Avec Omicron, elle tombe respectivement à environ 20 % et 60 %.
Contre le risque d’hospitalisation, la protection vaccinale est également plus faible avec Omicron. Sans rappel, l'efficacité contre l'hospitalisation passe de 85 % avec Delta à 50 % avec Omicron, et après rappel, de plus de 95 % contre Delta à 83 % contre Omicron.
Même tendance pour le risque de passage en soins critiques : l’efficacité contre Omicron est de 65 % pour les personnes complètement vaccinées sans rappel contre 90 % pour Delta, et 90 % pour celles avec rappel contre 98 %.
Les durées d’hospitalisations apparaissent en revanche réduite de « 10 à 30 % pour les cas Omicron par rapport à ceux relevant de Delta », est-il noté. Entre le 13 décembre et le 10 janvier, la durée médiane de séjour s’établissait à 8 jours avec Omicron (9,1 jours en moyenne) contre 9,5 jours avec Delta (11,5 jours en moyenne).
Omicron pourrait contaminer 60 % des Européens d’ici mars
Ces données confirment ainsi de précédents résultats sur la transmissibilité accrue d’Omicron, mais sa moindre sévérité, aussi bien que sur l’efficacité affaiblie mais tout de même maintenue des vaccins après une dose de rappel. Ces conclusions alimentent l’optimisme quant à la perspective d’une fin à la pandémie. Auprès de l’AFP, le directeur de l'OMS Europe, le Dr Hans Kluge, prédit qu’Omicron pourrait contaminer 60 % des Européens d’ici mars, rapprochant le continent (les 53 pays de la région) d’une sortie de crise.
« Il est plausible que la région se rapproche d'une fin de la pandémie, a-t-il jugé. Une fois que la vague Omicron sera calmée, il y aura pendant quelques semaines et quelques mois une immunité globale, soit grâce au vaccin, soit parce que les gens seront immunisés en raison de l'infection et aussi une baisse en raison de la saisonnalité ». Il a toutefois pris ses distances avec l’idée d’une entrée dans une « ère endémique » : « Endémique signifie (...) que l'on peut prévoir ce qui va se passer, ce virus a surpris plus d'une fois. Nous devons donc être très prudents », a-t-il insisté.
Ce discours entre espoir et prudence a été repris par le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, ce 24 janvier, à l'occasion de l’ouverture du Comité exécutif de l’Organisation, réuni cette semaine à Genève. « Nous pouvons mettre fin à la phase aiguë de la pandémie cette année - nous pouvons mettre fin au Covid-19 en tant qu'urgence sanitaire mondiale », a-t-il estimé, martelant une nouvelle fois ses recommandations : lutter contre l'iniquité vaccinale, surveiller le virus et ses variants et prendre des mesures de restrictions adaptées.
Le patron de l’OMS juge toutefois prématuré et « dangereux » de « supposer qu’Omicron sera le dernier variant ou de parler de fin de partie », car le potentiel d'un variant « plus transmissible et plus mortel » est « très réel ».
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