DE TELS INCIDENTS sont d’une extrême gravité. Le garçon qui a été blessé à Thiais par un gang de six jeunes gens cagoulés n’a dû son salut qu’à l’intervention des enseignants et des élèves. La jeune victime de Vitry avait reçu des coups de couteau. L’école n’est plus un sanctuaire et les élèves eux-mêmes hésitent à s’y rendre dès lors qu’ils y craignent d’être rackettés, attaqués, blessés. Les professeurs de Vitry ont fait jouer leur droit de retrait pendant deux semaines. Ils réclament les 22 surveillants dont le lycée disposait avant que ce nombre fût divisé par deux. Ils estiment que les caméras et les mesures passives ne remplacement pas la surveillance humaine. L’aggravation de l’insécurité semble leur donner raison.
La boîte de Pandore.
Le ministre de l’Éducation, Luc Chatel, ne leur a proposé que trois surveillants de plus, ce qu’ils jugent très insuffisant. Le gouvernement est placé devant un dilemme : il ne peut pas nier que le lycée Adolphe-Chérioux est devenu un endroit dangereux, mais, s’il satisfait les revendications des enseignants, il compromet la politique qu’il a mise en place pour la fonction publique et qui consiste à réduire les effectifs. Accorder onze surveillants de plus au lycée de Vitry ne serait pas excessivement coûteux au regard de l’inquiétude nationale que soulève la multiplication des agressions à l’intérieur des établissements. Mais une telle mesure ouvrirait la boîte de Pandore. Tout laisse penser en effet que de nouveaux incidents se produiront et que d’autres écoles, collèges ou lycées réclameront à leur tour un surcroît de personnel.
IL N’EST JAMAIS TROP TARD POUR LA PRÉVENTION, MAIS LA DISSUASION EST PLUS URGENTE
En même temps, le gouvernement, qui fait de la sécurité publique l’un des points forts de son action politique, bien que ses résultats, depuis 2007, ne soient pas tout à fait à la hauteur de ses espérances, est contraint de rassurer la population, pour qui il devrait aller de soi que tout enfant ou adolescent est en sécurité à l’école. À la veille d’élections régionales dont l’issue, si l’on en croit les sondages, devraient être défavorables à la droite, la crise scolaire risque de réduire un peu plus encore le score de la majorité.
Il faut, quelle que soit la suite des événements, tirer quelques leçons d’une série de faits-divers qui ne sont pas tous montés en épingle et sont même passés sous silence quand il n’y a pas d’atteinte physique. Le gouvernement est dans l’obligation d’écouter des enseignants dont la tâche se complique chaque jour, soit parce qu’ils ont affaire à des élèves imperméables à la culture générale, soit parce que ces mêmes élèves sont rebelles au point de les agresser parfois, soit parce qu’ils se sentent responsables de la sécurité des enfants et adolescents dont ils ont la charge. À Vitry, leur revendication n’est pas excessive puisqu’elle repose sur le retour au statu quo ante et que la preuve est fournie que les caméras ne remplacent pas des surveillants autoritaires et baraqués. Peut-être serait-il judicieux, en dépit du risque de généralisation, de satisfaire les enseignants de Vitry, ne fût-ce que parce qu’il ne s’agit nullement d’une exigence exorbitante ?
La prévention est difficile.
Le deuxième constat porte sur la difficulté de la prévention. Quand six jeunes gens mettent des cagoules avant d’entrer dans une école et d’attaquer au cutter un adolescent de 17 ans (probablement un règlement de comptes), on a affaire à une sorte de militarisation de la vie civile. Ce n’est plus une bagarre, c’est l’attaque d’un commando, auquel il faudrait opposer une sorte de garde scolaire munie de moyens de dissuasion, pour ne pas dire d’armes. On connaît les explications que les sociologues offrent de ces phénomènes antisociaux. Personne n’ignore que, si les agresseurs avaient été pris en main dès l’enfance par des éducateurs pleins de sollicitude, ils ne se comporteraient pas aujourd’hui comme les plus lâches des brigands. Personne n’ignore que la dépense sociale est insuffisante et que les plus pauvres n’ont pas les chances de réussite dont bénéficient les plus nantis. Il est cependant inutile de revenir sur le passé, sinon pour appliquer aux petits enfants d’aujourd’hui les règles éducatives dont leurs aînés n’ont pas bénéficié. Enseignants, parents et élèves exigent que des mesures palliatives soient prises maintenant. Ils ne peuvent pas attendre que la justice sociale règne sur les ghettos. Il n’est jamais trop tard pour la prévention, mais la dissuasion est urgente.
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