DEPUIS PLUS de vingt ans, deux sociétés se disputent l’organisation de la neurologie en Europe : l’une a été créée par un groupe indépendant d’experts neurologues européens, l’European Neurological Society (ENS), et l’autre, l’European Federation of Neurological Society (EFNS), est fédérative de toutes les sociétés européennes de neurologie. Cette dernière inclut ainsi 44 sociétés européennes reconnues.
Vingt ans d’organisation parallèle …
S’étant fixé pour mission essentielle d’organiser un congrès européen en juin de chaque année, l’ENS n’agit pas en liaison avec les sociétés de neurologie des pays hôtes. Elle les informe, mais décide seule de son lieu de congrès, avec son bureau, de façon indépendante et autonome. Par ailleurs, les membres de l’ENS renouvellent leur cotisation à titre individuel, ce qui leur donne droit de participer au congrès et de recevoir le journal de l’ENS. Entre les congrès, l’ENS a relativement peu de manifestations propres. Le congrès de l’ENS a été au départ calqué sur celui de l’American Academy of Neurology, c’est-à-dire avec une partie d’enseignement continu de neurologie (« Teaching courses ») et une partie scientifique originale (communications orales et affichées) avec quelques conférences plénières d’orateurs prestigieux.
La structure de l’EFNS est radicalement différente puisqu’elle inclut les 44 sociétés européennes de neurologie et, par conséquent, tous les membres inscrits dans chacune de ces sociétés nationales. Ce sont d’ailleurs les sociétés nationales qui paient une cotisation très modérée (de l’ordre de 2 euros par membre) à l’EFNS pour y inscrire d’office leurs membres. « Ses missions sont multiples. La première est d’assurer la promotion de la neurologie en Europe par rapport aux autres spécialités, lobbying qui s’effectue essentiellement à Bruxelles (et représenté par l’European Brain Council) pour tenter d’obtenir le maximum de crédits de recherche. Deuxième mission : homogénéiser les pratiques dans les 44 pays européens (ne serait-ce que la durée de la spécialisation), ce qui n’est pas simple puisque la formation diffère d’un pays à l’autre. Troisième mission : diffuser au maximum les connaissances en neurosciences des pays de l’ouest de l’Europe où se situent l’immense majorité des laboratoires en neurosciences, vers l’est de l’Europe. Pour cela, l’EFNS organise un congrès annuel en septembre ou en octobre, dans une ville différente chaque année, sur demande de candidature officielle de la société de neurologie du pays (comme à Paris en 2004, avec 4 268 participants). Actuellement, ces congrès de l’EFNS rassemblent entre 4 500 et 5 500 participants. Ils comprennent une partie d’enseignement postuniversitaire ("teaching courses"), des sessions scientifiques avec des communications orales et d’autres, affichées. Et, une particularité de l’EFNS, le congrès propose également des petites sessions très brèves ("focused workshops") avec trois orateurs (dont un est modérateur) sur un sujet très pointu, qui peut être proposé par n’importe quel membre de l’EFNS (le choix étant opéré par le Congress Programme Committee composé de membres désignés par l’EFNS et de membres du Comité local d’organisation). Il s’agit donc d’un fonctionnement très démocratique », souligne le Pr Jean-Marc Léger. Enfin, l’EFNS organise chaque année en Europe de l’est, des « Regional Teachnig Courses », comme l’école de printemps des jeunes neurologues, qui se tient tous les ans en mai près de Prague. N’importe quel neurologue en formation peut postuler pour y participer : il est alors complètement pris en charge durant les quatre jours de cours (avec un nombre de participants volontairement limité à 150).
L’EFNS fonctionne avec un conseil d’administration et un président élu pour quatre ans, deux vice-présidents, un secrétaire général, un trésorier, soit une dizaine de membres représentatifs des principaux pays européens sans oublier ceux d’Europe de l’est. Ces membres sont nommés à l’issue d’un vote annuel au moment du congrès, par les 44 délégués des sociétés européennes de neurologie. L’EFNS a enfin un journal de clinique neurologique : l’European Journal of Neurology.
L’EAN, en préparation depuis deux ans.
L’arrivée du Pr Gustave Moonen (Liège) à l’ENS a déclenché un mouvement irrésistible de rapprochement des deux organisations, avec le concours du Pr Jacques De Reuck (Gant), alors président de l’EFNS. Le président de l’EFNS qui lui a succédé, le Pr Richard Hugues (Londres), a été aussi extrêmement actif pour continuer dans cette voie. Résultat, trois membres de l’ENS et trois membres de l’EFNS se réunissent désormais deux à trois fois par an depuis deux ans, avec pour feuille de route, la création d’une nouvelle organisation européenne – l’European Academy of Neurology (EAN) –qui apparaîtra sur la scène internationale en juin 2015, à l’occasion de son premier Congrès qui se tiendra en Allemagne.
« Dans l’intervalle, il y aura toujours deux congrès en 2012 et 2013, et en 2014, il y aura déjà un congrès commun à l’ENS et à l’EFNS qui se tiendra à Istanbul. Les deux sociétés européennes vont donc peu à peu disparaître au profit de l’EAN, qui est déjà en train de se mettre en place. Son siège sera celui de l’EFNS à Vienne, mais il y aura très probablement des bureaux annexes à Bâle, à Bruxelles et à Prague », explique le Pr Léger. Le journal de l’EAN restera l’European Journal of Neurology et l’organisation des congrès sera celle de l’ENS jusqu’en 2015, puis celle de l’EAN, sur appel d’offres. De quoi rendre finalement l’EAN plus visible sur la scène internationale.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Marc Léger, président de la Société française de neurologie et chair du Training and Education Committee et membre du Management Committee de l’EFNS.
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