À Strasbourg, le pape surfe sur les sujets qui fâchent

Publié le 26/11/2014
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Crédit photo : AFP

Dans ses deux interventions à Strasbourg, devant le Parlement et le Conseil de l’Europe, le pape François en a appelé au « réveil » de l’Europe, qu’il juge « vieillie » et victime d’une « crise économique dramatique ». Il a relégué au second plan les sujets éthiques et bioéthiques.

« La Méditerranée ne peut pas être un vaste cimetière », s’est écrié le pape François, évoquant le sort des boat people qui tentent au péril de leur vie de rejoindre le Vieux Continent. Dénonçant la tentation de « l’égoïsme » et du « repli sur soi », il en a appelé au réveil d’« une Europe vieillie », et à la défense de la dignité humaine. Face aux élus des vingt-huit pays de l’Union européenne, puis devant les représentants des quarante-sept pays du Conseil de l’Europe, Jorge Bergoglio a surtout insisté sur la solidarité avec les exclus, à l’intérieur d’un Vieux Continent victime d’« une crise économique dramatique » et d’une « perte de confiance en ses institutions », mais aussi menacée dans ses périphéries par « les fondamentalismes anhistoriques et les purismes angéliques ».

Personnes âgées, jeunes, pauvres et migrants 

« L’Europe est semblable à une grand-mère affaiblie, a-t-il lancé, face à un monde de moins en moins eurocentrique, elle doit redevenir un point de référence précieux pour l’ensemble de l’ensemble de l’humanité, dans les sciences, les arts, les valeurs humaines et la foi. »

Dénonçant « la maladie de la solitude, qui se répand chez les personnes âgées, les jeunes, les pauvres et les migrants », François a fustigé « la culture des déchets » et « le modèle fonctionnaliste qui exclut les faibles, les malades ou les vieux ».

Se réclamant d’une Église « experte en humanité », selon la formule de son prédécesseur Paul VI, le pape a invité à « la réflexion éthique sur les droits de l’homme et les questions délicates de la protection de la vie humaine qui doivent être soumises à un examen attentif ». Il s’est abstenu d’évoquer expressément l’avortement et l’euthanasie, citant cependant les cas de « vieux laissés sans soins et des enfants qui sont tués dans le ventre de la mère ».

Plaidoyer pour l’écologie

De même, s’il a rendu hommage à « la famille, unie, féconde et indissoluble, capable de rendre espoir aux nouvelles générations comme aux personnes âgées », il s’est gardé d’évoquer les débats législatifs qui ont agité l’Europe, et particulièrement la France, autour du mariage homosexuel.

En revanche, le pape, qui prépare une encyclique sur l’écologie, a encouragé la recherche scientifique sur les énergies alternatives. « Notre Terre a besoin de soins continus, a-t-il souligné ; étant ses gardiens et non ses propriétaires, nous devons éviter de la défigurer et développer une économie humaine, qui donne des emplois à tous, respectueuse des hommes, une économie également environnementale, respectueuse de la création. »

Christian Delahaye

Source : lequotidiendumedecin.fr