Pour ne pas avoir soigné et alimenté un jeune détenu passé à tabac par la police pénitentiaire, six médecins du service public viennent d’être condamnés en Italie. Le verdict ne satisfait ni la famille qui je juge « léger et honteux » ni une partie de la classe politique italienne qui met en cause la responsabilité de l’État.
Les six médecins romains sont accusés de ne pas avoir soigné et alimenté un jeune homme arrêté en 2009 pour possession de drogue et hospitalisé au lendemain de son interpellation pour lésions graves. Ils ont été condamnés à deux ans de prison pour homicide volontaire et abus de pouvoir.
Une peine provisoirement suspendue par le tribunal de Rome en charge du procès mais assortie d’une sanction pécuniaire de 320 000 euros plus les frais de justice. Les deux infirmières inculpées par le tribunal aux côtés des blouses blanches ont été, en revanche, acquittées, tout comme les trois agents pénitentiaires accusés par la défense d’avoir passé à tabac Stefano Cucchi après son arrestation.
Dossier médical lourd
L’affaire remonte au 15 octobre 2009. Au moment de son arrestation à l’occasion d’un contrôle judiciaire de routine dans les rues de la capitale, le jeune homme âgé de 31 ans pesait 43 kg et mesurait 1,76 mètre. Un cas évident d’anorexie qui justifie la suite des événements, déclarera Carlo Giovanardi, sous-secrétaire d’État du gouvernement Berlusconi au moment des faits et de leur publication dans les médias italiens après la mort du jeune homme une semaine plus tard.
Lors de son arrestation, Stefano Cucchi était en possession de 29 grammes de marijuana, d’un peu de cocaïne mais aussi de médicaments antiépileptiques car il souffrait d’épilepsie comme le confirmera par la suite son dossier médical. À la date de sa mort, le 22 octobre 2009, l’homme pesait 35 kg. Son visage était couvert d’hématomes notamment au niveau des yeux - le résultat de coups violents et répétés selon la défense - et des lésions au niveau de la cage thoracique étaient constatées. Le patient était en état d’hypoglycémie et présentait une hémorragie au niveau de la vessie. Selon les résultats de l’autopsie, Stefano Cucchi présentait également un état de dénutrition sévère.
Le procès démarre au lendemain de son interpellation. Mais le juge décide de repousser l’audience de deux mois et ordonne que le jeune homme soit immédiatement transporté à l’hôpital le plus proche pour être examiné en raison de son état particulièrement préoccupant. Le bilan médical est lourd. Les médecins notent de nombreuses ecchymoses au visage et sur l’abdomen, une fracture de la mâchoire, deux fractures de la colonne vertébrale et, déjà, une hémorragie de la vessie.
Le jeune homme refuse d’être hospitalisé. Deux jours plus tard, il est transporté à l’hôpital Sandro Pertini. C’est dans cette structure que le personnel médical aurait abandonné Stefano Cucchi à lui-même en refusant de le soigner et de l’alimenter. Pour le tribunal toutefois, la responsabilité des infirmières n’est pas mise en cause car elles auraient suivi les indications des médecins. D’où leur acquittement.
Un jugement qui fera jurisprudence
Le verdict fera jurisprudence. La famille, elle, clame son insatisfaction. Estimant que « les médecins et le personnel paramédical ont achevé le travail de torture entamé par la police pénitentiaire », elle a hurlé sa colère et annoncé qu’elle fera appel et qu’elle va également saisir la Cour de Justice européenne. Sans parler de l’acquittement de la police pénitentiaire, les experts nommés par le tribunal de Rome ayant estimé que « Stefano Cucchi est mort d’inanition car il n’avait pas été alimenté ».
Une déclaration qui remet en question la responsabilité des agents de police malgré les signes de violence rapportés par les médecins dans leur premier bilan médical, le rapport de l’autopsie et les déclarations de quelques détenus.
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