« Le nombre de nouveaux cas, adultes et enfants, infectés par le VIH, a été réduit de 40 % depuis le pic atteint en 1997, indique en préambule le rapport annuel de l'ONUSIDA, mais la régression de l'épidémie stagne depuis 5 ans ». Raison pour laquelle ses auteurs appellent à « renforcer les efforts de prévention ».
L'Organisation des Nations Unies (ONU) s’est fixé l'objectif de mettre fin à l'épidémie à l'horizon 2030 mais s'alarme aujourd'hui face à ce mouvement de baisse qui a atteint un palier et s'est même nettement inversé dans certaines régions. « Nous avons une fenêtre d'opportunité de cinq ans. Si nous la manquons, nous allons assister à un rebond de l'épidémie et nous ne serons pas capables d'y mettre fin d'ici à 2030 », alerte Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA.
Plus d'un million de séropositifs en Russie
De fait, l'épidémie de sida, qui reculait régulièrement depuis une vingtaine d'années dans le monde, risque en effet de rebondir en raison notamment d'une nette élévation du taux annuel de nouvelles infections par le VIH dans certains pays, avertit le rapport. En Europe de l'Est et en Asie centrale le nombre des nouveaux cas a explosé (+57 %) ces cinq dernières années : 80 % d'entre eux ont été signalés en Russie et 10 % en Ukraine.
En 2015, le nombre des séropositifs en Russie a dépassé la barre du million, et plus de 200 000 d'entre eux sont déjà morts, selon le Centre fédéral russe de la lutte contre le sida. Cependant, les pouvoirs publics russes se focalisent davantage sur le traitement du sida que sur sa prévention. La Russie a ainsi banni la méthadone, substitut à l'héroïne qui, pour nombre de spécialistes, réduit le risque de contamination chez les toxicomanes. Moscou réprime également l'homosexualité.
Un risque multiplié par 24 chez les toxicomanes
L'ONUSIDA estime que les hommes qui ont des relations homosexuelles et les toxicomanes qui s'injectent des drogues ont 24 fois plus de risques d'être contaminés que le reste de la population. Les personnes qui se livrent à la prostitution ont quant à elles un risque multiplié par 10.
Entre 2010 et 2015, le nombre des cas de VIH a également augmenté dans les Caraïbes (+9 %), au Moyen-Orient, en Afrique du Nord (+4 % dans ces deux régions) et en Amérique Latine (+2 %). Il a en revanche diminué de 4 %, dans cette même période, en Afrique de l'Est et australe et de 3 % en Asie-Pacifique, alors que la baisse restait marginale en Europe occidentale et centrale et en Amérique du Nord.
Le principal point d'avancée dans la lutte contre l'épidémie reste le fort recul de la contamination chez les enfants. Celle-ci a été réduite de plus de 70 % depuis 2001 et continue à baisser.
L'urgence de renforcer la prévention
Dans l'ensemble, 1,9 million d'adultes ont été contaminés par le VIH chaque année entre 2010 et 2015, et il est encore 36,7 millions de personnes dans le monde qui vivent avec le virus, la plupart en Afrique subsaharienne. La prévention est la seule façon de juguler l'épidémie, en attendant un vaccin ou un traitement, souligne le rapport, précisant que les trois quarts des nouveaux cas enregistrés parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans en Afrique subsaharienne concernent des adolescentes ou des jeunes femmes, qui n'ont pas accès aux services de lutte contre le sida et sont stigmatisées.
L'ONUSIDA estime qu'aujourd'hui 57 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 46 % ont accès à un traitement antirétroviral et 38 % vivent avec une charge virale indétectable. Des chiffres qu'il juge urgent de porter à 90 %. « Les possibilités de la prévention ne sont pas encore pleinement réalisées. S'il survient une résurgence mondiale des nouvelles infections par le VIH, l'épidémie sera impossible à contrôler, s'alarme Michel Sidibé. Le monde doit prendre des mesures urgentes et immédiates pour combler le manque de prévention. »
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