L’ANCIENNE CANDIDATE à la présidence se conduit constamment d’une manière agaçante et parfois révoltante. Mais ni le pouvoir ni sa majorité ne peuvent la disqualifier au nom des bonnes manières. D’abord parce que Nicolas Sarkozy n’est pas un spécialiste de la courtoisie ou de l’élégance, ensuite parce que le combat politique fait appel, en permanence, aux techniques de la guérilla. Donc, Ségolène est dans son rôle et c’est à ses adversaires au sein de la gauche qu’elle cause le plus de tort, même s’ils ont eu le réflexe, dans cette affaire, de se rallier derrière son panache blanc. François Fillon, lui aussi, est dans son rôle, qui a appelé la présidente de Poitou-Charente à « plus de retenue ». C’est un peu l’avertissement du maître d’école à une élève brillante, mais dissipée. L’impression générale, en effet, est que Mme Royal a un droit de parole et que le pouvoir lui répond avec des arguments passéistes : ce qui choque aujourd’hui risque d’être aujourd’hui la vérité de demain.
Je suis la vraie France.
Ségolène Royal s’est bien gardée de parler « au nom de la France », comme on le lui a reproché un peu vite, sans avoir lu son discours. Toutefois son message était clair : il y a une vraie France, qui n’est pas celle de Sarkozy, et que je représente. Sur ce point également, Mme Royal, avec son audace coutumière, feint de croire que la victoire à la présidentielle de 2007 lui a été subtilisée et que Martine Aubry, par une manuvre de procédure, l’a privée du poste de première secrétaire du Parti socialiste. Il n’y a qu’elle pour le dire. Toutefois, tout laisse penser qu’elle s’inscrit désormais dans une stratégie minutieuse qui consiste, en toute circonstance, à revendiquer une légitimité qu’elle n’a pas. Elle a déjà été Jeanne d’Arc, elle sera présidente de la République, elle est la Française numéro un et la meilleure socialiste. Avant Dakar, elle avait justifié les sequestrations de patrons par des ouvriers menacés de licenciement, ce qui la conduisait, au nom de la justice sociale, à braver la justice tout court. Elle n’est pas à court d’idées de communication et elle en trouvera d’autres, l’une plus cynique et plus proche de l’illégalité que la précédente. Illégalité, car la loi interdit qu’on sequestre une personne. Et même s’il n’y a pas de texte qui s’oppose à ce qu’une personnalité de l’opposition se prononce à l’étranger contre un président élu démocratiquement, elle ne craint pas de s’approcher de la limite au-delà de laquelle elle braverait la loi.
C’est dans l’air du temps puisque le peuple est exaspéré au point qu’on imagne qu’il va s’insurger, et que son exaspération est récupérée par l’opposition, que Mme Royal a vite fait d’incarner. Ne lui demandez pas de respecter les principes et les règles, de se contenter d’un ordre établi qu’elle n’a de cesse d’abolir, et comptez sur elle pour semer la zizanie. Plus on parle d’elle et mieux elle se porte. Bien entendu, en passant son temps à franchir la ligne jaune, elle prend le risque d’une collision. D’abord avec son parti qui, s’il ne trouve pas le moyen de la museler, tentera de noyer ses propos dans un bruit plus fort. Ensuite avec les Français qui, après tout, ne sont pas si naïfs qu’ils ne verraient, dans sa sortie de Dakar, que la compassion que lui inspire le peuple africain. Même les Sénégalais, qui avaient été, à juste titre, choqués par les propos de M. Sarkozy, ne devraient pas penser que Mme Royal les a vengés. D’une certaine manière, elle les a traités par le mépris, de même que M. Sarkozy les a traités avec paternalisme. Car elle s’est servie de leur indignation ou de leur douloureuse surprise pour servir sa seule cause personnelle.
La com, unique stratégie.
Qui est dupe, Madame la future présidente, de vos coups d’éclat ? Pendant la campagne présidentielle de 2007, vous représentiez une modernitéLa com, unique stratégie., une alternative, une hypothèse sérieuse. Mais depuis lors (et déjà quand vous avez débattu avec le candidat Sarkozy), il est apparu que la communication est votre unique stratégie. Vous avez agité des idées contradictoires. Comme le reste du Parti socialiste, vous n’existez que par opposition au pouvoir, sans nous dire comment vous gouverneriez ni quel est votre programme. Vous êtes tantôt de la gauche originale, celle qui adopte quelques idées de la droite, et tantôt de la gauche pure et dure, celle qui s’en va pourfendre les défenseurs de l’ordre républicain. C’est un jeu beaucoup moins innocent, beaucoup plus dangereux qu’il n’y paraît, d’autant que vous allez dans le monde porter un débat strictement franco-français. Et vous n’allez si loin que pour vous faire entendre, comme si la distance, au lieu d’affaiblir votre voix, lui servait de haut-parleur. Prenez garde qu’en agitant ainsi le microcosme, vous ne créiez un désordre au sein duquel, comme par miracle, Martine Aubry, oui, Aubry elle-même, semblerait soudain plus rassurante, plus tranquille et, surtout, infiniment plus sincère.
LE SCANDALE, C’EST D’ALLER À L’ÉTRANGER POUR VILIPENDER LE POUVOIR
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