Quelques jours avant que ne débutent les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) et la visite du pape François au Brésil, la Congrégation romaine pour la cause des saints a reconnu un second miracle attribué à Jean-Paul II, étape préalable à la canonisation du pape polonais. Le cas de la patiente du Costa Rica dont la guérison a été jugée inexpliquée suscite toutefois la circonspection de médecins catholiques et le scepticisme d’un spécialiste.
Il y avait eu la guérison de cette religieuse française, sœur Marie Simon-Pierre Normand, petite sœur des Maternités catholiques d’Aix-en-Provence, atteinte d’un Parkinson en stade 4 ; sa guérison subite le 2 juin 2005 avait été attribuée à Jean-Paul II, deux mois après la mort du pape. Elle avait permis de valider la procédure en béatification. Un deuxième miracle est nécessaire aujourd’hui pour l’étape suivante de la canonisation. Et c’est le cas d’une femme du Costa Rica qui a été finalement retenu, sur dossier médical, par une commission de sept médecins de la Congrégation romaine pour la cause des saints, au Vatican, puis validé par une commission de théologiens, avant d’être approuvé par les cardinaux et les évêques de l’instance romaine et soumis au pape François.
Selon un quotidien du Costa Rica, « La Nacion », les examens pratiqués à l’hôpital Calderon Guardia de San José avait conclu à un anévrisme cérébral, chez cette patiente sujette à de violentes céphalées. « Elle vivait, selon le journal, un véritable calvaire, avec la détérioration des vaisseaux sanguins du cerveau. Les médecins considéraient qu’il n’y avait plus pour elle aucune espérance. » Mais au lendemain d’une procession en l’honneur de la béatifcation de Jean Paul II, le 1er mai 2011, procession à laquelle prit part la patiente « en dépit de son incapacité à marcher », les examens révélèrent la disparition « sans aucune explication scientifique de toutes les traces de l’anévrisme ».
Thrombose spontanée d’anévrisme ?
Selon le postulateur de la cause, Mgr Slawomir Oder, « la rigueur cartésienne » de l’examen des données cliniques, puis l’enquête ecclésiastique menée par l’évêque local ont permis de conclure à un miracle. En France, les médecins catholiques se montrent plus circonspects. Président de l’Académie de médecine et aussi du Comité médical international de Lourdes (CMIL), le Pr François-Bernard Michel s’abstient de tout commentaire. Il oriente vers le Dr Alessandro de Franciscis, qui dirige le bureau des constatations médicales de Lourdes ; celui-ci juge « très embarrassant de s’exprimer sur un dossier qu’(il n’a) pas eu à suivre personnellement » et préfère également ne pas s’exprimer. Président de la Fédération européenne des médecins catholiques, le Dr François Blin, tout en précisant qu’il n’est « pas choqué de reconnaître, en tant que médecin, l’existence de cas qui échappent à des données strictement rationnelles et que l’Église qualifie de guérisons inexpliquées et de miracles », juge qu’« il est nécessaire sur de tels sujets de faire preuve d’une exigence scientifique et de ne pas s’en laisser compter, la foi ne devant pas dispenser d’objectivité en présence de phénomènes qui semblent dépasser la médecine. »
Des cas documentés
Dans le cas présent, le Dr Blin juge pertinent l’éclairage que peut apporter un spécialiste de chirurgie vasculaire. En l’occurrence, le Pr Louis Puybasset, chef du service de neuroréanimation chirurgicale de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), après avoir formulé des réserves quant à la rigueur scientifique d’un dossier constitué dans un pays comme le Costa Rica, conteste l’affirmation du Dr Alejandro Vargas Roman, neurochirurgien de l’hôpital Calderon, selon lequel les traces de l’anévrisme avaient disparu « sans aucune explication scientifique » : « Les cas de thromboses spontanées d’anévrismes intracrâniens sont documentés », rappelle le Pr Puybasset, qui met en garde contre « les dérives de la pensée magique et des images symboliques non scientifiques ».
D’autres cas d’intercession avaient été examinés, et finalement écartés par les médecins de la Congrégation pour la cause des saints, tel celui du pilote polonais de F1 Robert Kubica, sorti indemne le 10 juin 2007 d’un accident particulièrement spectaculaire et qui avait disposé une photo du pape à l’intérieur de son casque. Les médecins romains avaient jugé que la sécurisation des voitures de course pouvait expliquer cette heureuse issue, sans recourir à des considérations surnaturelles.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque