« Le fait que les variants se propagent dans notre pays nous laisse penser que le couvre-feu et l'ensemble des mesures en vigueur sont certes utiles, mais probablement pas suffisants », a déclaré le ministre de la Santé ce jeudi 28 janvier lors d'une conférence de presse, laissant présager un reconfinement prochain. L'objectif affiché : donner les clés pour comprendre les décisions de ces prochains jours.
Olivier Véran a détaillé la situation épidémique : « nous ne sommes pas dans une vague épidémique à proprement parler, mais le virus circule à un niveau élevé, et il diffuse plus vite chaque semaine ». À l'heure actuelle, plus de 20 000 cas positifs sont rapportés quotidiennement, tandis qu'à l'automne, on en comptabilisait 50 000. Néanmoins, le nombre de cas positifs augmente d'environ 10 % chaque semaine en moyenne, et ce depuis trois semaines, note le ministre.
Un taux d'occupation en réanimation de 60 %
Dans les départements où le couvre-feu a été mis en place dès début janvier, « il y a d'abord eu un effet réel de baisse de la pression épidémique puis une stabilisation. (...) Dans le reste du pays, l'épidémie a été un peu plus forte ces dernières semaines. Ce qui veut dire que globalement, le couvre-feu à 18 heures a une efficacité », constate Olivier Véran, selon qui cette mesure a sans doute permis d'éviter la vague épidémique subit par nombre de nos voisins. « À l'évidence, cette efficacité s'estompe, et cela ne suffit pas à faire reculer le virus », regrette-t-il.
Après le deuxième confinement, un équilibre fragile s'est maintenu entre le nombre d'entrées et le nombre de sorties d'hôpital, ne permettant toutefois pas à tous les hôpitaux de reprogrammer la totalité des soins des patients hors Covid. Depuis deux semaines, la situation s'est dégradée davantage. « Il y a désormais plus de cas graves de Covid qui nécessitent des soins à l'hôpital que de patients qui guérissent et qui peuvent en sortir. La tension hospitalière augmente à nouveau », affirme Olivier Véran.
Et de poursuivre : « Au moment, où nous avions décidé du deuxième confinement, près de 3 400 patients étaient en pris en charge en réanimation contre 3 100 aujourd'hui, et 22 000 patients étaient hospitalisés contre 27 000 actuellement ». Le taux d'occupation en services de réanimation par des patients Covid approche les 60 %.
Des kits de PCR multiplex pour identifier les variants
Depuis ce deuxième confinement, deux nouveaux paramètres sont à prendre en compte : la vaccination − dont les bénéfices sur l'épidémie ne sont pas attendus avant plusieurs mois compte tenu d'un nombre limité de doses disponibles − et la circulation de nouveaux variants.
Pour traquer ces variants, le ministre a rappelé la mobilisation de toutes les plateformes de séquençage génétique du pays et le renforcement du contact tracing. Il a également présenté l'utilisation de kits diagnostiques de PCR multiplex, déployée depuis le week-end dernier. « Ce sont des tests PCR spécifiques qui permettent de détecter les variants chez les personnes positives au coronavirus », explique-t-il.
Il a également évoqué pour les patients infectés par un variant la possibilité de recevoir la visite à domicile d'un infirmier chargé de vérifier que les conditions sanitaires et sociales sont réunies pour leur permettre de respecter l'isolement et pour tester au domicile l'entourage des personnes positives. « À ce stade, ce sont déjà plusieurs milliers de visites à domicile qui ont été lancés, et le dispositif continue de monter en puissance », s'est félicité le ministre.
Malgré les efforts déployés, le nombre de cas d'infection aux variants − majoritairement au variant britannique VOC-202012/01 − est passé de 500 par jour début janvier à plus de 2 000 par jour actuellement.
Des situations de forte vague épidémique chez nos voisins
L'expérience des pays voisins en proie à ces variants montre qu'ils sont susceptibles d'entraîner une forte vague épidémique. « Plus forte encore que les précédentes compte tenu de la forte contagiosité de ces variants », alerte Olivier Véran, évoquant les situations critiques en Angleterre, et plus récemment en Espagne et au Portugal. Si en France, cette « épidémie dans l'épidémie » n'est pas encore « visible », « tout nous laisse à penser qu'elle sera une réalité très vite et très forte si nous ne faisons rien », estime le ministre de la Santé.
Sur la base de ces constats, une concertation est lancée ce 28 janvier, avec le Premier ministre, l'ensemble des représentants de la classe politique, les représentants des syndicats et du patronat, ainsi que des collectifs d'élus et d'associations, a annoncé Olivier Véran.
Interrogé sur un avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publié ce 28 janvier et portant sur une éviction de sept jours chez les professionnels en milieu de soins positifs au SARS-CoV-2 et asymptomatiques, sans dérogation envisageable, le ministre a rappelé que cette mesure était la règle, mais qu'il fallait tenir compte des réalités locales. Dans les cas de forte tension et afin de garantir les soins aux malades, « si un soignant est asymptomatique ou cas contact, il peut travailler en unité Covid en portant un masque et en faisant attention ».
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