Alors que le président de la République doit s'exprimer ce 12 juillet pour exposer sa stratégie de lutte contre le variant Delta du Covid-19, la Haute Autorité de santé (HAS) propose des adaptations de la politique vaccinale. L'enjeu : « Que l’ensemble de la population ciblée puisse bénéficier d’un schéma vaccinal complet rapidement afin d’être protégée de façon optimale ». Autrement dit : vacciner le plus, et le plus vite possible. Une personne non-vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée, rappelle la HAS.
Après une décélération de l'épidémie, celle-ci donne des signes de reprise inquiétants. Ainsi, le variant Delta a-t-il été détecté dans environ 43 % des PCR de criblage le recherchant au cours de la semaine du 28 juin au 4 juillet, contre 21 % la semaine précédente. Quelque 4 256 nouveaux cas de contamination ont été enregistrés ce 11 juillet, contre 2 549 il y a une semaine. Des chiffres qui pourraient monter « au-dessus de 20 000 début août si nous n'agissons pas », a mis en garde le ministre de la Santé Olivier Véran. « On va s'en sortir si on arrive à vacciner plus de 90 % de la population », considère l'épidémiologiste Dominique Costagliola, alors qu’une bonne moitié (52 %) de Français a reçu une première dose, et 38 % le schéma complet.
Privilégier les vaccins à ARNm et réduire le délai entre les doses
La HAS préconise de privilégier l'utilisation des vaccins à ARNm Comirnaty (BioNTech/Pfizer) et Spikevax (Moderna), qui disposent du meilleur niveau d'efficacité pour la prévention des formes graves et symptomatiques, mais pour limiter la transmission (efficacité de l’ordre de 80 à 90 % vis-à-vis des autres variants après deux doses, qui semble pouvoir être extrapolée au variant Delta).
L'agence recommande de réduire l’intervalle entre les deux doses de vaccin au délai minimal recommandé, c'est-à-dire 3 à 4 semaines. Si une personne de plus de 55 ans, a reçu une première injection de Vaxzeria d'AstraZeneca, la HAS suggère de proposer une deuxième dose de vaccin à ARNm, à partir de 4 semaines après la première. « Les études récentes ont confirmé la très bonne qualité de la réponse offerte par un schéma hétérologue tout en apportant des éléments rassurants sur le plan de la tolérance », lit-on. Elle ne désapprouve pas pour autant la poursuite du schéma avec le vaccin à adénovirus d'AstraZeneca, « compte tenu des résultats d’efficacité en vie réelle obtenus sur la prévention des formes sévères de Covid-19 ».
Janssen plutôt que rien, pour les Français de l'étranger
Plaidant pour le renforcement de la stratégie « d’aller vers » les publics les plus fragiles et les plus vulnérables, la HAS ne modifie néanmoins pas ses recommandations sur le vaccin en une dose de Janssen, qui reste ainsi réservé aux plus de 55 ans en France, éloignés du système de santé. Entre le 24 avril et le 10 juin 2021, plus de 419 000 injections ont été effectuées et aucun cas de syndrome thrombotique thrombocytopénique (STT) n’a été rapporté, rassure la HAS.
En revanche, sa position (exposée dans un second avis) est tout autre concernant la situation des Français de l'étranger qui se retrouveraient dans un pays où la circulation virale serait intense, sans vaccin à ARNm. Entre le Janssen ou l'absence de vaccination, la HAS considère que c'est la première solution qui doit être choisie, y compris pour les moins de 55 ans. La personne doit alors recevoir une information claire sur les risques de survenue de très rares cas graves de syndrome de thromboses associées à une thrombocytopénie, dans les 3 premières semaines suivant la vaccination, principalement chez les femmes de moins de 50 ans. En revanche, si les vaccins à ARN sont disponibles localement, il faut y recourir en priorité pour les moins de 55 ans, lit-on.
Réfléchir à l'obligation vaccinale pour tous
Enfin, la HAS apporte son soutien à l'obligation vaccinale pour l'ensemble des professionnels en contact avec des personnes vulnérables, comme le Conseil scientifique. Quant à la population générale, l'institution estime « nécessaire d’entamer dès à présent la réflexion sur une extension plus importante de cette obligation vaccinale afin de pouvoir prendre à temps cette décision si elle s’imposait ».
Une prudence dont les Académies de médecine et de pharmacie ne s'embarrassent pas. Dans un communiqué conjoint daté du 9 juillet, elles considèrent que le principe du volontariat montre ses limites, et que l'obligation vaccinale constitue désormais pour l'ensemble de la population de plus de 12 ans, « la seule option réaliste en termes de responsabilisation personnelle et d'engagement solidaire permettant de préserver sa santé, celle des autres et de parvenir à l'immunité collective ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation