VINGT-SEPT ÉTATS, comprenant 492 millions d’habitants élisent, depuis le 4 juin et jusqu’au 7 juin, 785 députés au Parlement européen de Strasbourg. C’est la plus large consultation du monde, sinon en nombre d’électeurs, en nombre de pays participants. La France a été découpée en huit régions et l’électorat français va désigner 72 députés européens, soit, approximativement dix pour cent du total. On peut être hostile à l’Europe pour diverses raisons, on ne peut pas nier que l’entreprise électorale à laquelle elle donne lieu établit un lien entre des peuples nombreux et disparates qui parlent des centaines de langues et de dialectes différents, que rien ne réunirait sinon ce scrutin capable d’abolir les frontières et de rapprocher les Estoniens des Français ou des Maltais.
Un brin d’ignorance.
On ne peut pas nier non plus que ce continent a été ravagé par les guerres pratiquement pendant vingt siècles et que le seul moyen d’éviter ces conflits c’est de donner un intérêt commun aux 27 États. Le fait que la France et l’Allemagne offrent, depuis près de 50 ans, l’exemple de la réconciliation et de l’amitié, alors que dans le même siècle elles se sont livré deux guerres extraordinairement féroces, constitue à lui seul une bonne raison d’aller voter. Encore faut-il que les nouvelles générations se souviennent du continent tel qu’il était il y a 70 ans. Les antieuropéens devront nous pardonner, mais, à nos yeux, et compte tenu des leçons de l’Histoire, l’antieuropéanisme n’est rien d’autre que le produit de l’ignorance.
Il n’empêche que chacun d’entre vous est libre de voter contre la construction européenne. En France, l’offre politique est aussi abondante que le menu d’un restaurant chic. Vous avez le choix entre trois ou quatre extrêmes gauches, entre la gauche et la droite classique, entre le Modem et le FN, entre Europe libérale et Europe sociale. Dans ces conditions, pourquoi ne pas voter pour le mouvement politique le plus proche de vos idées? Par exemple, l’électeur de droite hostile à l’Europe fédérale peut voter pour Nicolas Dupont-Aignan et son mouvement Debout la République, ou Philippe de Villiers (Libertas) ou encore Front national. Cette année, vous avez en prime le sinistre Dieudonné et sa liste dite antisioniste. Bref, l’éventail est si large qu’on y trouve, contre toute attente, un parti nauséabond. Par conséquent, vous ne pouvez dire ni que l’Europe ne vous intéresse pas (comment écarter d’un revers de la main un scrutin qui concerne près de 500 millions d’Européens ?), ni qu’on est en train de la faire contre vous et contre les vux que vous avez déjà exprimés. Vous pouvez encore démolir ce qui a été construit.
Le lecteur sait par avance que, en nous faisant ainsi l’avocat du diable, nous nous contentons, comme beaucoup d’autres, de lancer un appel au civisme. Il n’ignore pas que, dans ces colonnes, nous n’avons cessé de défendre le projet européen. Mais il est cette fois important de réduire un taux d’abstention qui amoindrirait la légitimité du scrutin s’il était trop élevé. Certes, ce que chacun peut dire ou écrire n’a guère d’importance. Il est probable que la droite et la gauche parlementaires enverront à Strasbourg une majorité en faveur d’une plus grande intégration de l’Union. Mais, encore une fois, rien n’empêche chacun d’entre vous d’exprimer une opinion différente et, après tout, les scrutins sont organisés très précisément pour que l’individu donne son opinion, quelle que soit la majorité.
Une leçon nationale aussi.
Enfin, nous sommes contraints de reconnaître que la vie politique nationale ne sera pas absente du scrutin et qu’on s’intéressera surtout aux performances des partis en milieu de mandat présidentiel. Le score de l’UMP, des socialistes, du MoDem, du NPA, des communistes, de Le Pen détermineront les comportements des mouvements dans la deuxième moitié de la législature. Nous obéissons à ce tropisme national, chacun voit midi à sa porte. On voudrait dire que le conflit majorité-minorité n’est pas un sujet européen qu’on se démentirait soi-même. Car les résultats respectifs des partis sont vraiment importants pour la suite et, au soir du scrutin, nous n’échapperons pas à une analyse du rapport de force national.
L’OFFRE POLITIQUE EST ASSEZ ABONDANTE POUR QUE TOUT LE MONDE VOTE
Au Parlement de Strasbourg, 785 députés
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