LE QUOTIDIEN – Est-ce parce qu’il concentre un nombre impressionnant de dysfonctionnements que la MECSS, que vous coprésidez, a pris l’hôpital de Poissy Saint-Germain comme point de départ de son enquête sur l’organisation de l’hôpital public ?
Dr PIERRE MORANGE – La MECSS a choisi plus précisément cet établissement parce qu’il est l’hôpital le plus déficitaire de France. Nous avons souhaité comprendre les raisons qui ont conduit à un tel déficit puis en tirer des préconisations générales pour l’amélioration du fonctionnement interne des hôpitaux publics.
Sur la base d’un rapport de la DDASS sévère pour la gestion de l’ancienne direction de l’hôpital (rapport qui a motivé une enquête financière, en cours, de la PJ de Versailles et la nomination d’un juge d’instruction par le procureur de la République), vous prenez la défense de la nouvelle direction de Poissy Saint-Germain. Les auditions de la MECSS l’ont-elles totalement dédouanée d’erreurs de pilotage ?
Le déficit « annuel » de l’établissement a été, effectivement, divisé par deux par la nouvelle équipe. C’est un constat que partagent l’ARH (agence régionale de l’hospitalisation) et à sa suite l’ARS (agence régionale de santé), ainsi que tous les établissements financiers concernés. Une partie du chemin a été parcourue ; cela ne signifie pas qu’il ne reste pas encore du travail à faire pour parvenir au retour à l’équilibre en 2012. Pour le reste, j’insiste lourdement : je ne suis pas dans un rôle de procureur. La MECSS, que j’ai créée en 2004, est une structure paritaire où siègent des députés de la majorité comme de l’opposition. Elle représente le peuple français et c’est à ce titre qu’elle a décidé de se pencher sur le fonctionnement interne de l’hôpital. Quant au fond et aux polémiques inutiles, il y a des intérêts qui s’expriment que je n’ai pas à commenter...
Dans ce dossier, quelle a été votre position, cette fois-ci d’élu local – Pierre Morange est député-maire de Chambourcy, qui va finalement accueillir l’établissement né de la fusion de Poissy et Saint-Germain – vis-à-vis du rapprochement des deux hôpitaux ?
J’ai été, dès le départ, partisan du maintien des deux hôpitaux, l’un sur Poissy, l’autre sur Saint-Germain – je rappelle que Poissy n’est pas sur ma circonscription –, avec le développement, pour chacun, de partenariats public-privé. Cela me semblait la formule la plus opérationnelle et la plus efficace pour répondre aux besoins de santé de la population. Finalement, la décision de la fusion a été prise et cela s’est fait sans qu’il y ait eu une réflexion en amont – ce choix aurait dû être adossé à un vrai projet médical – ni qu’ait été mené un audit sur la situation budgétaire des deux établissements.
Comment votre commune a-t-elle finalement été retenue pour l’implantation du nouveau site unique de l’hôpital ?
Les deux maires de Poissy et de Saint-Germain m’ont demandé officiellement d’accueillir le centre hospitalier sur mon village. J’ai accepté – cette demande conjointe émanait des deux coprésidents du conseil d’administration de l’hôpital, elle était appuyée par le ministère de la Santé. J’ai même fait en sorte que l’État acquiert le terrain de 17 hectares visé à un prix inférieur de plus de 6 millions d’euros à celui du marché ! Quant à l’accusation dérisoire qui voudrait que j’aie préféré accueillir un centre commercial qu’un hôpital : d’abord, ma commune dispose déjà d’un très gros centre commercial mais surtout, s’il existe bien une extension de 4 hectares sur le terrain de 30 hectares où va se construire le nouvel hôpital, celle-ci avait été validée par le conseil général bien avant la décision d’implantation hospitalière…
Les élus ne sont-ils pas très vite en position inconfortable quand il est question de restructuration hospitalière ? Et la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) y change-t-elle quelque chose ?
Je suis totalement convaincu que cette loi apporte des avancées sur ce point. Un hôpital a une seule et unique fonction : produire de la santé. Il n’a évidemment pas vocation à être l’objet d’une éventuelle compétition en termes de besoins d’emplois ou d’incidences électorales… Avec ses nouvelles règles de gouvernance des hôpitaux, avec sa philosophie de décloisonnement des systèmes sanitaires et sociaux, la loi HPST apporte des garanties contre ce qui a parfois pu, dans l’histoire, aboutir à une moins grande efficience des hôpitaux.
La MECSS a, à la demande de l’IGAS, auditionné ses inspecteurs à huis clos sur la gestion de l’hôpital de Poissy Saint-Germain. Êtes-vous au bout du compte sur la même longueur d’ondes que ces experts sur les raisons du déficit ?
Je ne peux pas répondre à cette question dans la mesure où le rapport de l’IGAS sera rendu le 8 juin. Nous avons auditionné l’Inspection sur la base de son « prérapport ». Dans la maison de la loi qu’est l’Assemblée nationale, nous avons des procédures. Notre propre rapport ayant été voté mercredi dernier et approuvé par la commission des affaires sociales, les conclusions de l’IGAS ne pouvaient y figurer. Mais elles le seront quand le rapport définitif sera publié.
Finalement, en tant que coprésident de la MECSS, quels enseignements tirez-vous du cas d’école du déficit de l’hôpital de Poissy Saint-Germain ?
Que la logique de l’efficience médico-économique impose de progresser. L’insuffisance d’outils de mesures est évidente. À un point dramatique dans le cas de Poissy Saint-Germain mais cela se retrouve dans de nombreux établissements. Qu’il est nécessaire de collecter mieux les recettes – on ne peut pas fonctionner avec un taux de recouvrement de la facturation de 4 à 5 % en moyenne ! Qu’il faut mettre en uvre une logique partagée des systèmes d’information…
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