Pénuries, surconsommation, assainissement… : un rapport de l’ONU alerte sur le « risque imminent d'une crise mondiale de l'eau »

Publié le 22/03/2023

Crédit photo : Phanie

Le risque d’une crise mondiale de l’eau est « imminent », alerte un rapport de l'ONU-Eau et de l'Unesco publié le 21 mars, en amont de la première conférence de l'ONU sur l'eau depuis près d'un demi-siècle. « Nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines », a dénoncé Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, ce 22 mars à l'occasion de l'ouverture de ces trois journées qui doivent accueillir plus de 6 500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d'État et de gouvernement.

« Nous drainons l’humanité de sa substance vitale par la surconsommation vampirique et l'utilisation non durable que nous faisons de l'eau, et nous provoquons son évaporation en réchauffant la planète », a-t-il ajouté, s'inquiétant de l'avenir « compromis » de l'eau, qui est pourtant « la sève de l'humanité » et « un droit humain ».

Une mise en lumière des inégalités

Sans mesures rapides, « entre 40 et 50 % de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d'assainissement et environ 20 à 25 % à de l'eau potable », a expliqué à l'AFP l’auteur principal du rapport, Richard Connor.

Selon ce travail, les pénuries d’eau « tendent à se généraliser » et à s'aggraver avec l'impact du réchauffement climatique. Et, des régions jusqu’ici épargnées en Asie de l'Est ou en Amérique du Sud seront concernées prochainement. Déjà, environ 10 % de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Le rapport des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), publié le 20 mars, souligne qu’« environ la moitié de la population mondiale » subit de « graves » pénuries d'eau pendant au moins une partie de l'année.

Cette situation met également en lumière les inégalités. « Où que vous soyez, si vous êtes assez riches, vous arriverez à avoir de l'eau, relève Richard Connor. Plus vous êtes pauvres, plus vous êtes vulnérables à ces crises. » Les femmes et les filles « sont affectées de façon disproportionnée, a insisté l'acteur Matt Damon, cofondateur de l'ONG Water.org. Des millions de filles ne sont pas à l'école parce qu'elles doivent aller chercher de l'eau. »

À côté des pénuries, la menace vient aussi de l'absence ou des carences des systèmes d'assainissement. Au moins deux milliards de personnes boivent de l'eau contaminée par des excréments, les exposant à des maladies mortelles. Les écosystèmes d’eau douce sont par ailleurs touchés par les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux. Ainsi, selon le rapport, une multiplication par trois au moins des investissements est nécessaire pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d'ici à 2030, objectif fixé en 2015.

« Construire des sociétés et des économies résilientes »

Dans ce contexte, la conférence de l'ONU, la première de cette ampleur depuis 1977, suscite beaucoup d'espoirs pour tenter d'inverser la tendance et espérer atteindre les objectifs de 2015. Les participants, États, entreprises ou représentants de la société civile, étaient appelés à venir avec des engagements concrets, certains déjà annoncés en amont. Mais déjà, des observateurs doutent de leur portée et de la disponibilité des financements nécessaires pour les mettre en œuvre.

« Nous pouvons construire des sociétés et des économies résilientes si les gouvernements et les entreprises mettent rapidement en place des politiques, pratiques et investissements qui reconnaissent, et restaurent, la pleine valeur de rivières, lacs et zones humides en bonne santé », avance Stuart Orr, un responsable de l’ONG WWF. « Il est temps aujourd'hui de surmonter les intérêts sectoriels partiels, de regarder la situation dans son ensemble et d'avancer », a déclaré le roi Willem-Alexander des Pays-Bas, co-président de la conférence avec le président du Tadjikistan.

Avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr