LE PARTI RÉPUBLICAIN tente de renaître de ses cendres. Si l’ex-candidate à la vice-présidence, Sarah Palin, est censée se présenter à l’investiture républicaine en 2012, c’est l’ancien vice-président Dick Cheney, soudain omniprésent dans les médias, qui mène lae bal de l’opposition. Malheureusement pour les républicains, M. Cheney continue à défendre, contre toute vraisemblance, les méthodes sécuritaires de l’administration Bush, y compris les tortures ; il refuse de reconnaître la responsabilité des républicains dans la récession ; il accuse M. Obama de socialisme rampant. Or la proportion de citoyens américains qui se disent républicains ne cesse de décroître et ne dépasserait pas 27 %. Laminés aux élections générales de l’année dernière, les républicains ont besoin d’un autre programme et d’une second souffle. Le fait que Dick Cheney, qu’on présenterait comme un has been s’il avait vraiment occupé la scène politique pendant les deux mandats de George W. Bush, reste la tête de file de l’opposition en dit long sur la décomposition des ocnservateurs américains.
Des accusations mensongères.
Il n’empêche que les accusations contre Obama, souvent mensongères ou diffamatoires, peuvent inquiéter les Américains, notamment au sujet de leur sécurité. Le vrai problème, pour le président en exercice, est qu’il tente, comme en politique étrangère, d’être le symbole du consensus. Il a donc beaucoup hésité à propos de la fermeture de Guantanamo et de l’élargissement de ses détenus. La droite l’accuse de sacrifier la sécurité du pays à des vues socialistes, la gauche lui reproche de ne pas respecter ses promesses de campagne. Écartelé entre le désir de réunir le plus grand nombre de soutiens et celui de ne pas fâcher les organisations humanitaires, le président a finalement confirmé que Guantanamo serait fermée, mais il a envisagé de garder sur le territoire américain les détenus innocentés, ce que peu d’Américains peuvent admettre, même si ces hommes ne représentent aucun danger.
Les républicains s’efforcent également de freiner la politique économique et financière de M. Obama et s’opposent à une augmentation des impôts pour les riches qui, compte tenu du déficit aberrant de 2008-2009 (1 750 milliards de dollars, soit plus de 13 % du PIB), est pourtant indispensable. L’opposition continue à dire qu’une hausse des impôts n’est pas nécessaire et que l’économie se redressera d’elle-même, ce qui est le comble de l’irresponsabilité. L’attitude des républicains ne soulève pas l’indignation de M. Obama, dont la marque de fabrique est le sang-froid, assorti d’une immense tolérance à l’égard de ceux qui ne pensent pas comme lui. Dans un entretien qu’il a accordé à « Newsweek » la semaine dernière, il a même reconnu qu’il était en période d’apprentissage et qu’il ne peut pas aller aussi vite qu’il le souhaite parce qu’il doit tenir compte des opinions hostiles à ses propres idées.
Il y a, chez M. Obama, une aspiration essentielle à gouverner au centre. Il est bien trop tôt, toutefois, pour dire, que son centrisme induit la passivité. Il est allé très vite pendant ses trois premiers moins de présidence et a surpris tous ceux qui auraient été satisaits s’il n’avait appliqué qu’une partie de son programme. Il n’a laissé de côté aucun des grands dossiers dont il a annoncé le règlement pendant sa campagne. Il a appliqué une politique très volontariste (et d’ailleurs peu différente de celle de M. Bush) en ce qui concerne les banques et le crédit ; il applique un moratoire sur l’hypothèque des foyers les plus pauvres ou surendettés ; il a aboli la torture en tant que moyen de recherche de renseignement ; il pratique l’ouverture en direction du monde musulman (il sera bientôt au Caire pour répéter que l’Amérique veut être en paix avec l’islam). Mais, pour le Proche-Orient, l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran, il lui faut plus de temps.
Après un entretien avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Washington, il y a quelques jours, M. Obama a déclaré qu’il demeurait en faveur de la création d’un État palestinien, alors que M. Netanyahou disait exactement le contraire. Sans ambiguité possible, il s’agit donc d’un différend très sérieux avec Israël. La nouvelle équipe au pouvoir en Israël tente de trouver des arguments pour retarder la négociation avec les Palestiniens : elle souligne l’immense danger que l’Iran fait peser sur l’État juif et exige de Mahmoud Abbas qu’il reconnaisse le caractère juif d’Israël. Cette dernière clause nest jamais apparue dans les négociations les plus poussées qui ont eu lieu précédemment et notamment en 2000, quand Ehud Barak, alors Premier ministre israélien, est allé au bout, mais en vain, des concessions israéliennes. Aujourd’hui, les Israéliens ne peuvent ignorer que M. Obama a un plan en vertu duquel il lui sera plus facile de négocier avec l’Iran si la création d’un État palestinien est annoncée pour une date crédible. Autrement dit, la solution israélo-palestinienne, selon M. Obama, précède la négociation avec l’Iran et non l’inverse.
Enfin, dans ce climat relativement tendu, une attaque israélienne contre lers installations nucléaires iraniennes semble exclue parce qu’Obama, déjà accablé par deux guerres, ne peut guère s’en offrir une autre et surtout parce que le message qu’il entend envoyer au monde musulman n’est pas du tout celui de l’affrontement. Le président américain sait bien que la diplomatie lui réserve autant de frustrations que la politique économique : il n’est pas sûr de pouvoir empêcher une victoire des Taliban en Afghanistan et au Pakistan, d’autant que les pouvoirs en place dans ces deux pays sont à peu près ineptes. Il n’est pas sûr de pouvoir amadouer Ahmadinejad, le néo-nazi de Téhéran. Il n’est pas sûr que la question irakienne soit réglée. Il n’est même pas sûr de son allié traditionnel, Israël, qui a donné une majorité à une droite peu disposée à faire la paix. Certes, il n’a failli ni comme candidat, ni comme président. Mais les mois les plus durs sont devant lui.
Obama bute sur l’opposition républicaine et sur des alliés peu sûrs au Proche-Orient et en Asie
DU PAKISTAN AU PROCHE-ORIENT, OBAMA DOIT GÉRER BEAUCOUP D’INCERTITUDES
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation