ON NE POUVAIT qu’approuver la campagne diplomatique que Nicolas Sarkozy a lancée dès son élection à la présidence en 2007 en direction de l’Amérique. Il ne devait pas attendre le départ programmé de George W. Bush pour amorcer un rapprochement avec Washington, après des années de grand froid dues notamment à la guerre d’Irak, voulue par M. Bush et refusée par Jacques Chirac. On félicite encore le prédécesseur de M. Sarkozy pour la position qu’il a adoptée en 2003 et nous a épargné un engagement funeste dans la guerre. Il restait à rendre aux relations franco-américaines un climat de confiance dont M. Bush, sonné par son échec, avait un cruel besoin. Nous savions tous, en 2007, qu’un changement historique se préparait aux États-Unis, quel que fût, en définitive, le vainqueur de l’élection présidentielle. L’élection de Barack Obama a montré que le changement était encore plus profond, et nous ne sommes déçus, aujourd’hui, ni par l’ampleur des réformes américaines ni par la lucidité de M. Sarkozy, qui a placé d’emblée la France dans une dynamique où s’inscrivait une nécessaire coopération avec le nouveau pouvoir à Washington.
Une question de caractère.
Que se passe-t-il aujourd’hui qui contrarie la France ? Avant toute chose, il y a le caractère de M. Sarkozy, pour qui l’Europe et le monde sont des champs d’action à sa mesure, des domaines où il peut briller en dépit du statut de puissance moyenne de la France. Il continue à se mesurer aux autres leaders et cherche à être considéré comme le meilleur, soulevant de cette manière le scepticisme amusé d’Angela Merkel, les plaisanteries, parfois un peu grasses, de Silvio Berlusconi, la mauvaise humeur de Gordon Brown et l’indifférence complète de Barack Obama. Dans l’épisode, désormais célèbre, où parlant à un groupe de parlementaires, il aurait jugé ses pairs internationaux, il aurait, mais ce n’est pas sûr, montré un peu de condescendance à l’égard de M. Obama.
Le gouvernement français est aussi sincèrement alarmé par la demande de nouveaux renforts français en Afghanistan formulée par les États-Unis et par le projet d’Obama de lancer un nouveau round de réduction des armements nucléaires incluant, cette fois, la France, la Grande-Bretagne et peut-être la Chine. Pour l’Afghanistan, la réponse est non, et il est peu probable que le président américain insiste sur ce point ; demeure le problème lancinant d’une région où les taliban semblent progresser, notamment au Pakistan, où ils se rapprochent d’Islamabad. Pour la réduction du nombre des ogives nucléaires, la position de la France a toujours été que, lorsque la Russie et les États-Unis seront parvenus au point où ils n’auront pas plus d’ogives que la France, celle-ci consentira à négocier. C’est simple, c’est logique et M. Obama devra, quoi qu’il en pense, se rendre à l’argumentation française. En tout cas, il n’y a pas, dans ces dossiers, de quoi créer une crise entre la France et l’Amérique.
En revanche, M. Sarkozy doit se raisonner quelque peu sur les influences comparées de la France et des États-Unis. Il ne peut pas, par une de ces contorsions de la réflexion que dicte ce que nous oserons appeler la jalousie, préférer un leader américain médiocre à un brillant leader, un Bush à un Obama. Il doit se rappeler que, dans son malheur, la dimension terrifiante de la crise économique, morale et politique, l’Amérique a une chance, celle d’avoir mis au pouvoir un homme dont les qualités sont exceptionnelles : diagnostic juste de la crise, réforme tous azimuts dans des domaines aussi divers que le fisc, la société et les murs, courage inaltérable, désir d’écoute (et notamment du point de vue français), recherche de la détente avec la Russie et même l’Iran, désarmement, reconquête du leadership moral.
Sur la torture.
Pour prendre un exemple significatif, Barack Obama a aboli la torture aux États-Unis. Il a nommé à la tête de la CIA, un homme, Leon Panetta que l’on connassait pour avoir réorganisé la Maison Blanche de Bill Clinton au lendemain du scandale Lewinski et de la tentative du Congrès de destituer M. Clinton. À la demande du nouveau président, M. Panetta a fait rédiger un rapport très précis sur les méthodes utilisées sous Bush par divers services secrets pour obtenir des renseignements. Il est revenu avec des révélations (l’ancienne administration avait tout consigné par écrit) qui montrent comment les lois américaines ont été contournées ou bafouées à Guantanamo et dans les officines, américaines ou étrangères, où l’on faisait parler les détenus en les torturant. M. Panetta ne souhaitait pas que le rapport fût rendu public. Et il avait partiellement raison. Le document pose en effet la question de ceux qui ont ignoré la Constitution pour se livrer à des interrogatoires de type médiéval ; il indigne l’opposition républicaine qui ne manque jamais de rappeler que, si on veut éviter un attentat, il faut être informé de ce qui se trame ; il est de nature à diviser les Américains. Le courage d’Obama est là : il a préféré publier le rapport, en espérant que l’unité des Américains se ferait autour du respect des valeurs constitutionnelles. Il a d’abord exclu de poursuivre les auteurs des tortures pour annoncer ensuite que les hauts responsables risquaient d’être punis.
Il faut comparer les révélations sur la torture aux États-Unis et l’usage qu’en a fait M. Obama à nos petites affaires franco-françaises, aux pardons répétés que demande Ségolène Royal, aux propos ridicules que tient Rachida Dati et à la course aux maroquins. M. Sarkozy ne doit pas commettre le contre-sens qui a valu à M. Obama un engouement mondial avant même qu’il fût élu : cet homme-là n’a pas du tout renoncé à ce que l’Amérique continue d’exercer son leadership mondial, il va même le renforcer. Comment ? Non par la puissance militaire, mais par l’exemple démocratique. On ne voit pas pourquoi M. Sarkozy ne partagerait pas l’intérêt mondial que cette démarche inspire.
IL NE FAUT PAS DOUTER DE LA VOLONTÉ D’OBAMA DE RENFORCER LE LEADERSHIP AMÉRICAIN
Sarkozy ne doit pas préférer Bush à Obama
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