« JE NE COMPRENDS pas qu’un Parlement moderne ne soutienne pas une initiative qui vise à vérifier les conditions de mise en uvre d’une campagne de vaccination », s’est plaint François Sauvadet, président du groupe NC, le groupe qui a demandé la création d’une commission d’enquête sur « la manière dont a été programmée, expliquée, et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1)v ». De fait, les députés qui s’étaient exprimés sur le sujet en commission des Affaires sociales, droite et gauche pour une fois à l’unisson, se sont tous défilés, chacun avançant ses arguments pour ne pas voter en faveur de la création de la commission.
Selon le Dr Jean-Pierre Door (UMP), le meneur de la fronde majoritaire, « la commission apparaît à contre-courant, alors que le virus continue de circuler. L’heure n’est donc pas au ton accusateur, ni à la recherche de boucs émissaires, mais plutôt à la réflexion sur la meilleure réponse face à une pandémie et à un virus imprévisible, dans le cadre du principe de précaution, qui nous oblige probablement à exagérer la menace de manière excessive. »
C’est ce que confirme Dominique Dord, autre député UMP, qui constate que, « comme d’habitude en France, on discute stratégie alors que la guerre n’est pas terminée » et qui redoute une procédure « quelque peu inquisitoire ».
Calendriers parlementaire et épidémique.
Cette question de synchronisation du calendrier parlementaire sur le calendrier épidémique est aussi mise en avant par le président de la commission des Affaires sociales, Pierre Méhaignerie : évoquant son refus, en septembre dernier, de créer une mission d’information, l’ancien ministre précise qu’il ne lui semblait pas, alors, « de bonne méthode de créer une mission d’information sur un événement en cours ».
A cette erreur de timing s’ajouterait, protestent en chur élus de droite et de gauche, une erreur de méthode. « Il me semble qu’une mission d’information aurait été beaucoup plus appropriée, estime Dominique Dord. Sur cette appréciation, il est rejoint par plusieurs parlementaires de l’opposition. Le Dr Catherine Génisson (groupe socialiste) considère ainsi qu’ « une telle mission aurait été préférable, ses travaux n’étant en rien incompatibles avec des auditions de la ministre de la santé par la commission ». Le Dr Gérard Bapt (groupe socialiste) cite en exemple la mission sur la grippe aviaire à laquelle il avait participé, « qui avait très bien fonctionné, rappelle-t-il, tous ses membres s’étant fait porteurs des problèmes de terrain, d’organisation et de moyens de la médecine de ville, mais aussi des problèmes psychologiques et des questions posées par les citoyens. »
Et la socialiste Marisol Touraine d’insister : « C’est avec scepticisme et un peu d’agacement que nous accueillons la création d’une commission, alors que nous avions vainement demandé la mise en place d’une mission d’information (...), une demande qui a été refusé au motif qu’elle aurait constitué une marque de défiance vis-à-vis du gouvernement. »
Et c’est sur une telle marque qu’achoppe le débat. Le président du groupe UMP , Jean-François Copé, y voit une démarche « inamicale ». « Évitons d’accroître les maux dont nous souffrons déjà, adjure Jean-Pierre Dor : l es dysfonctionnements ne concernent pas à titre principal les décisions appliquées à partir du plan national, il s’agit d’une crise de confiance de l’opinion publique et d’un déni de la réalité du risque : il serait trop facile de pointer du doigt la seule responsabilité des autorités sanitaires. » « Il convient, insiste-t-il, en menant cette enquête de ne pas fragiliser les responsables politiques lorsqu’ils devront gérer d’autres crises dans des circonstances identiques. »
En réponse, le centriste Jean-Christophe Lagarde, probable futur président de la commission, a promis qu’ « il ne s’agira pas d’instruire un procès politique du gouvernement, ou de certains de ses membres, mais simplement de faire uvre utile, dans un esprit constructif, afin de se préparer aux futures pandémies. » Pour sa part, le centriste Jean-Luc Préel qui avait évoqué dans « le Quotidien » (15 février) l’échec de la campagne de vaccination, préfère, dans un esprit d’apaisement, parler aujourd’hui d’un « non-succès », avec seulement 5,7 millions de personnes vaccinées.
Qu’à cela ne tienne, la commission verra bien le jour, en vertu du droit de tirage prévu par l’article 141 du règlement de l’Assemblée nationale, même si un seul groupe (le Nouveau Centre) vote en sa faveur, sa demande ne pouvant être rejetée qu’en réunissant 3/5 es des votes contre. Il faudra maintenant attendre la fin du mois de mars pour connaître la composition de son bureau. À condition que le groupe UMP ne décide pas de faire obstruction.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation