L’ÉLYSÉE fait courir le bruit qu’il y aura au moins une annonce qui « surprendra » le public. La tactique du ballon d’essai n’est jamais bonne ; elle risque de soulever un espoir qui sera vite déçu et, si le pouvoir a une surprise dans sa poche, il pouvait toujours la mettre sur la table le moment venu sans créer un faux suspense. En outre les syndicats campent sur leurs positions avec une fermeté dont il doit tenir compte. Ils exigent une disposition pour améliorer le pouvoir d’achat. Si le gouvernement prend des mesures qui ne correspondent pas à une distribution d’argent pour les foyers les moins aisés, il ne satisfera personne. Ce n’est pas qu’il ait tort : encourager l’emploi est une mesure en faveur du pouvoir d’achat ; investir dans l’industrie et les travaux publics en est une également ; la mise en place du RSA est une relance du pouvoir d’achat.
Une question politique.
La question, désormais, n’est ni sociale ni économique. Elle est politique. Les pouvoirs publics se souviennent de mauvaises expériences passées, avec des hausses artificielles du pouvoir d’achat qui se sont traduites par un déséquilibre commercial et une forte poussée inflationniste. Dans ce cas de figure, il faut ensuite mettre en place un plan d’austérité bien plus long que la phase d’euphorie relative qui suit la relance du pouvoir d’achat. Mais il y a maintenant assez d’angoisse et de crainte pour l’avenir, assez de difficultés à joindre les deux bouts pour que le gouvernement songe à faire un geste politique éclatant. Il lui appartient de rendre un peu de confiance aux Français, sans quoi, c’est toute la réforme qui va sombrer et, avec elle, la popularité de M. Sarkozy, qui est déjà au plus bas. Le ministre du Budget, Éric Wrth, propose de supprimer le deuxième tiers de la première tranche de l’impôt sur le revenu, ce qui revient à rendre un peu d’argent aux foyers les moins aisés. Mais il y a tous ceux qui ne paient pas l’impôt sur le revenu, soit près de la moitié des ménages. À ceux-là, il faudra envoyer une subvention, tout simplement.
L’État n’en a pas les moyens ? Certes. Encore une fois, un geste politique passe nécessairement au-dessus des arguments techniques. Oui, la France est lourdement déficitaire et endettée ; non, elle ne peut pas s’offrir le luxe de distribuer de l’argent aux particuliers ; oui, elle paiera très cher ses largesses. Mais ce sont les plus fragiles que la crise atteint le plus, ceux qui ont perdu leur emploi ou vont le perdre, ceux qui, avant la crise, avaient un minimum dit vital qui ne les faisait pas vivre, ceux qui sont mal logés ou paient très cher un logement en ruines ou insalubre. De la même manière, on a toujours réglé le problème des Antilles en y envoyant de l’argent, on n’a jamais tenté de réformer le système de production des îles pour réduire les inégalités, alors que 1 % des Antillais vivent comme des nababs tandis que la plupart des autres sont encore plus pauvres que les pauvres de France. L’action de M. Sarkozy doit concerner tous les ménages de France en difficulté. En outre, leur donner de l’argent, c’est leur permettre d’améliorer des achats de subsistance, en aucun cas d’acquérir des produits de luxe.
Des lendemains difficiles.
De même qu’il combat une crise du crédit en favorisant le crédit, de même le gouvernement doit accepter, pour soulager les plus pauvres, de laisser filer le déficit budgétaire. Nous aurons, à coup sûr, des lendemains difficiles. Dès que la croissance repartira, on sait qu’il faudra augmenter les impôts pour réduire la montagne de dette que nous aurons créée. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas se servir de cette dette pour apaiser les syndicats et l’opposition ? Certes, cette crise dévastatrice nous vient d’ailleurs, le gouvernement n’en est pas responsable. Mais la politique n’est pas autre chose qu’une flexibilité suffisante, dans les idées et dans les actes, pour appliquer un jour les règles qui étaient rejetées la veille.
LA POLITIQUE, C’EST APPLIQUER UN JOUR LES RÈGLES REJETÉES LA VEILLE
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