Alors que le taux de couverture vaccinale des adolescents contre le papillomavirus humain (HPV) reste bien inférieur aux objectifs, Emmanuel Macron a annoncé, ce 28 février, la mise en place d'une campagne de vaccination gratuite « généralisée » dans les collèges. « On va généraliser à partir de la rentrée prochaine pour les 5es, a indiqué le chef de l’État lors d'une rencontre avec des élèves dans un collège de Jarnac (Charente), en présence des ministres de la Santé et de l'Éducation, François Braun et Pap Ndiaye. Cela permet d'éviter beaucoup de cancers. »
Cette annonce intervient quatre jours avant la Journée mondiale de sensibilisation autour des maladies HPV viro-induites du 4 mars. Ces infections sont responsables chaque année de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus et de 6 000 nouveaux cas de cancers aussi bien chez les femmes que chez les hommes : 2 900 cancers du col de l'utérus provoquant plus de 1 000 décès par an, 1 500 cancers de la sphère ORL, 1 500 cancers de l'anus, 200 cancers de la vulve ou du vagin et une centaine de cancers du pénis. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ces cancers seraient totalement éliminables grâce au dépistage et à la vaccination.
Une couverture vaccinale loin des objectifs fixés
En France, la vaccination selon un schéma à deux doses est recommandée pour les filles de 11 ans à 14 ans depuis 2007 et à tous les garçons du même âge depuis le 1er janvier 2021. Elle peut être proposée en rattrapage, avec trois doses, jusqu'à l'âge de 19 ans et elle reste possible jusqu'à 26 ans pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes (HSH).
Depuis 2007, cette vaccination « a prouvé son efficacité sur la réduction du nombre de nouveaux cas de lésions précancéreuses du col de l’utérus ainsi que de verrues génitales », rappelle un communiqué de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM). L’enjeu pour les médecins, juge-t-elle, est « d’augmenter la couverture vaccinale qui reste trop faible », alors que la vaccination contribue à augmenter l’immunité collective.
Pour l’heure, malgré les objectifs ambitieux de la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 visant une couverture vaccinale de 80 % d'ici à sept ans, les taux de vaccination plafonnent. Fin 2021, 45,8 % des jeunes filles de 15 ans avaient reçu une dose de vaccin, et seulement 6 % des garçons du même âge.
Ces taux sont bien inférieurs à ceux obtenus par certains de nos voisins. En 2019, plus de 70 % des femmes de la population cible avaient reçu la dernière injection au Royaume-Uni (82 %), au Portugal (81 %), en Suède (80 %), mais aussi en Espagne (79 %) ou encore en Hongrie (78 %).
« Plusieurs raisons expliquent la faible couverture vaccinale française », souligne Sophie Vaux, coordinatrice du programme sur la surveillance de la couverture vaccinale à Santé publique France (SPF). Le coût du vaccin, compris entre 95 et 116 euros, en partie couvert par l'Assurance-maladie (remboursement à hauteur de 65 %, complété par une mutuelle complémentaire), est un premier frein, une étude de SPF montrant la plus faible participation des populations les plus pauvres.
Aussi, la stratégie française de vaccination est dite « opportuniste » : c’est l’adolescent ou ses parents qui prennent rendez-vous avec le médecin pour la vaccination. « Une prise en charge par la médecine scolaire pourrait permettre d'augmenter les couvertures vaccinales comme cela a été observé en Australie, au Canada, en Finlande, en Norvège ou en Écosse », estime Sophie Vaux.
Une expérimentation menée dans le Grand Est pendant deux ans a montré de bons résultats chez les jeunes scolarisés en classe de 5e, le taux de vaccination étant passé de 9 à 27 % la première année et de 14 à 31 % la seconde.
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