« Oui au choix, non au hasard » : le rapport 2012 de l’UNFPA est un plaidoyer pour la planification familiale. « Elle est un droit fondamental de la personne. Tout le monde devrait y avoir accès », affirme le Dr Yves Bergevin, coordinateur du fonds thématique en santé maternelle à l’UNFPA. Pourtant, 222 millions de femmes vivant dans les pays en voie de développement n’ont pas le contrôle de leur fertilité. Pénuries de contraceptifs, pauvreté, pressions sociales, inégalité des sexes, discriminations...« Ce sont les plus pauvres, les moins éduquées, celles qui vivent dans des milieux ruraux qui n’ont pas accès à la planification », déplore le Dr Bergevin. La moitié des 80 millions de grossesses non désirées en 2012 aboutiront à un avortement.
Les conséquences sont tragiques tant au niveau individuel que social. D’abord, la mortalité maternelle est directement liée à l’absence de planification. « Au Sud Soudan, hors la capitale, le taux de prévalence de la contraception est proche de 0 alors que 25 % des femmes souhaitent y avoir accès. La mortalité maternelle est une des plus forte : une femme sur 7 meurt en donnant la vie », explique le Dr Bergevin. Selon l’UNFPA, l’espacement des grossesses de 3 à 5 réduit la mortalité infantile de 46 % dans les pays en voie de développement.
La croissance économique d’un pays, ensuite, ne peut se concevoir sans une planification des grossesses, juge l’UNFPA. « L’Afrique de l’Ouest et du centre, où la mortalité maternelle est la plus importante, ne peut se sortir de la pauvreté sans un accès à la planification familiale, or moins de 10 % des femmes ont accès à la contraception » avance le Dr Bergevin. Au Nigeria, réduire le taux de fécondité d’un enfant par femme en 20 ans permettrait d’augmenter l’économie du pays de 30 milliards de dollars. A contrario les « Tigres » asiatiques ont vu leur croissance bondir d’un tiers lorsqu’ils sont parvenus à réduire le nombre de personne à charge pour un travailleur.
Pour le développement durable.
« La planification familiale est l’un des meilleurs investissements pour le développement durable » insiste le coordinateur de l’UNFPA. Pour d’immenses bénéfices, le coût direct est faible et les économies à venir importantes. Le fonds estime que si chaque personne des pays développés comme en voie de développement consacre 1 dollar par an, soit 8,1 milliards de dollars, les 222 millions de femmes qui en sont aujourd’hui privées pourraient avoir accès à la planification familiale. Déjà en juillet dernier, l’UNFPA, le Royaume-Uni, et la Fondation Bill and Melinda Gates, ainsi que les pays en voie de développement se sont engagés à dépenser 4 milliards d’euros pour apporter la planification à 120 millions de femmes et d’adolescentes.
« La moitié des financements requis d’ici 2020 est couverte. Nous pourrions espérer éliminer toute mortalité maternelle d’ici 20 à 30 ans si on trouve d’autres financements », assure le Dr Bergevin. Ainsi 11,3 milliards de dollars de soins de santé maternelle et néonatale pourraient être économisés.
Le rapport a été chaleureusement reçu par Caroline de Haas, conseillère en charge des politiques féministes au cabinet de Najat Vallaud-Belkacem, ministre du droit des femmes. « Il faut présenter la planification familiale comme un droit fondamental et non optionnel. C’est un levier efficace pour faire avancer les sociétés, y compris sur le plan économique. Le droit à disposer de son corps est la clef d’entrée au respect de tous les autres droits » a-t-elle commenté.
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