C’est peut-être le mot de la fin. La méthode Stamina basée sur les thérapies à base de cellules souches mésenchymateuses ne pourra pas être testée en milieu hospitalier. Le comité de scientifiques interpellé par la ministre de la Santé Beatrice Lorenzin suite aux pressions de la communauté scientifique italienne et internationale qui contestaient le caractère scientifique du protocole Stamina, a rendu un verdict négatif sur le protocole mis au point par un psychologue. Du coup, la ministre qui avait autorisé les essais pour une période de deux ans au printemps dernier après que le Sénat a donné son feu vert, est revenue sur sa décision.
Le budget de 3 millions d’euros débloqué par le comité interministériel pour les essais devant être effectués en milieu hospitalier sera gelé dans les prochains jours. L’enveloppe pourrait servir à financer des tests sur les maladies rares a déclaré le ministre de la Santé.
Risques pour les patients
Dans leur rapport, les experts ont détaillé leurs positions en s’appuyant sur quatre points essentiels pour démonter la théorie Stamina. D’abord, « la description inadéquate de la méthode » et l’absence d’explications sur la différenciation des cellules. Ensuite, « la définition insuffisante du produit », les cellules injectées n’étant pas correctement décrites, leurs propriétés biologiques ne pouvaient par conséquent être démontrées. « L’absence de cette caractéristique et de contrôle de qualité, pose un problème en terme d’efficacité du traitement, de reproduction de la méthode et de sécurité », affirme le comité scientifique. Troisième point : les risques potentiels pour les patients notamment en ce qui concerne l’utilisation de cellules allogéniques. Sur ce point encore, l’absence d’un plan d’identification, de screening et de tests sur les donneurs ne permettent pas d’exclure les risques de transmission de maladies infectieuses. Enfin, les scientifiques évoquent des risques graves comme l’encéphalomyélite. Les conclusions du comité sont sans appel : le déroulement du protocole implique un risque d’injection de matériel osseux au niveau du système nerveux. Donc nocif pour la santé des patients. En d’autres termes, la méthode est dangereuse.
Une victoire pour la communauté scientifique
La remise en cause de la méthode est une victoire pour la communauté scientifique internationale qui est intervenue à plusieurs reprises durant les derniers mois dans la presse spécialisée pour dénoncer une méthode « sans aucun fondement scientifique ». L’été dernier, la communauté scientifique avait même saisi Bruxelles en lui demandant d’intervenir au nom de la santé publique des patients.
Quant à Davide Vannoni, il promet de livrer bataille devant les tribunaux. « Je vais quitter l’Italie et continuer mes travaux aux États-Unis », a-t-il déclaré. Les associations de malades qui défendent les « bienfaits » de la méthode sont montées au créneau : « Nous allons porter plainte contre le ministre de la Santé Beatrice Lorenzin et le président du Conseil Enrico Letta pour crimes contre l’Humanité », ont tonné les représentants des associations. Pour sensibiliser l’opinion publique sur les soins compassionnels, les associations ont organisé une manifestation à Rome dimanche prochain.
Reste le problème des 36 patients actuellement soignés en milieu hospitalier à Brescia. Le tribunal de Turin saisi par les familles il y a deux ans a autorisé leur insertion dans le protocole Stamina. Dans ce cas précis, le ministre de la Santé ne peut pas intervenir. Les hôpitaux de Brescia ont toutefois fait appel contre la décision du tribunal en demandant que le traitement soit interrompu. Le tribunal devrait rendre son verdict d’ici la fin du mois d’octobre.
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