Des négociations qui traînent en longueur

L’Iran se moque du monde

Publié le 12/11/2009
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Crédit photo : AFP

DEPUIS DES ANNÉES, l’Iran se contente de gagner du temps. Que ce soit sur le mode de la tension ou, plus récemment, sur celui de la négociation, il poursuit sans relâche l’enrichissement de son uranium afin d’atteindre le seuil de son utilisation militaire. Tout en répétant ses dénégations : il ne voudrait avoir que des centrales civiles. Comme il assortit ses explications d’une promesse de rayer Israël de la carte, il n’est pas difficile de savoir quand il ment. Aussi bien, ses six interlocuteurs ne sont pas dupes, y compris la Russie et la Chine, dont l’immense indulgence à l’égard de Téhéran est dictée par des intérêts commerciaux et par une conduite datant de la guerre froide : si quelqu’un menace l’Ouest, ce ne peut être que bon pour l’Est.

Les différentes prévisions calculées par les experts estiment que l’Iran aura sa bombe atomique dans un délai compris entre un et trois ans et un ou deux ans de plus pour placer l’engin sur une fusée capable d’atteindre Israël. Quand l’Iran aura construit quelques bombes, son statut de nouvelle puissance nucléaire sera inamovible. Une frappe aérienne de ses installations serait impossible car il pourrait riposter avec des fusées à charge atomique.

Le bord de l’abîme.

La brièveté du délai imparti à ceux qui, sincèrement, veulent éviter à tout prix une conflagration nucléaire au Proche-Orient, les plonge dans un embarras pathétique. D’Obama à Medvedev, tous souhaitent une solution négociée. Et aucun d’entre eux ne se met dans la tête que la négociation ne peut que servir les intentions dévastatrices de l’Iran en lui accordant le temps dont il a besoin. Pour Barack Obama, se pose le problème de ses engagements électoraux. Il n’a cessé de dire, pendant sa campagne, qu’il croyait à la détente et à la négociation avec les pires ennemis de l’Amérique. Après avoir été élu, il s’est aperçu que la théocratie iranienne, menacée par l’aspiration des Iraniens à la liberté, n’a pas d’autre choix que de durcir ses positions ; et que son agressivité à l’extérieur représente une façon de protéger le régime. Toutes les dictatures se ressemblent, toutes sont prêtes à nuire à la paix si un tel comportement renforce leur pouvoir. Quand on a fait le tour des motivations de l’Iran, quand on a compris sa politique du bord de l’abime, quand on sait en outre que les opposants à Ahmadinejad approuvent sa politique nucléaire, qui repose entièrement sur un mensonge auquel les Iraniens eux-mêmes ne croient pas, on est placé devant une situation vertigineuse : seule une attaque massive contre les installations atomiques iraniennes permettrait non pas d’éliminer la menace qu’elles représentent, mais d’en retarder la mise en œuvre.

Bien entendu, aucun des dirigeants occidentaux, pas même Nicolas Sarkozy, qui n’hésite jamais à commenter la position iranienne avec toute la lucidité requise, alors même que Téhéran refuse le départ de Clotilde Reiss, cette jeune femme contrainte de rester au siège de l’ambassade de France en Iran, car elle serait jetée en prison si elle en sortait, n’a la moindre envie de passer à l’acte, c’est-à-dire à la guerre. Bref, nous dansons tous sur un volcan et nous ne pouvons l’éteindre qu’avec le puissant effet de souffle d’une très grosse bombe. Ce n’est pas une donne encourageante.

LE MONDE N’A PAS D’AUTRE CHOIX QUE DE SE PRÉPARER AU PIRE

Convaincre le monde arabe.

Mais au moins une analyse exacte offre-t-elle aux Occidentaux l’occasion de réfléchir à une autre forme de diplomatie. Attaquer l’Iran sans prévenir personne, c’est déclencher un nouveau cauchemar, le déchaînement du terrorisme, un cycle de violences graves, les cris de rage du monde arabo-musulman, cris qui seront souvent hypocrites car, en réalité, les États sunnites craignent de tomber sous la domination de ce pays chiite qu’est l’Iran. Il appartient àa la diplomatie américaine de s’assurer le concours ou la neutralité d’un certain nombre de pays arabes et musulmans, comme George Bush (le père) a su le faire quand il a créé en 1991 une coalition pour libérer le Koweit des forces irakiennes. À cette coalition ont participé divers États arabes qui, justement, redoutaient que Saddam Hussein poursuive son offensive jusqu’en Arabie Saoudite. Le danger iranien, aujourd’hui, est encore plus grave. Barack Obama, soucieux de parlementer plutôt que de combattre, pourrait orienter dans ce sens une diplomatie américaine qui, en ce moment, marque le pas.

Enfin, à tous ceux qui pensent qu’un accord israélo-palestinien diminuerait l’agressivité de l’Iran, qu’il détendrait l’atmosphère générale et qu’il doit donc précéder un règlement avec l’Iran, on répondra que le contexte créé par l’Iran n’est guère favorable à des négociations israélo-palestiniennes, qu’Israël est en première ligne dans cette affaire et qu’il joue sa vie. C’est trop facile de dire aux gens comment ils doivent se conduire quand ils ont le couteau sous la gorge.

RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr