COMMENT ne partagerait-on pas la colère, la fureur, des parents et grands-parents d’Agnès, une jeune fille à peine sortie de l’enfance et à qui son bourreau n’a laissé aucune chance, en la tuant « dans des conditions atroces », selon les termes du procureur ? À écouter les responsables éducatifs, les psychiatres, les magistrats, l’application des règles et des lois a été en tout point respectée. Le jeune homme avait commis un viol et avait été détenu pendant quatre mois en 2010. Ses parents, enseignant et cadre administratif, ont agi selon leur cœur en tentant par tous les moyens d’assurer sa réinsertion. Ils ont obtenu son admission à l’internat du Chambon-sur-Lignon, dans une région où il n’était pas interdit de séjour. Les dirigeants du lycée savaient qu’ils avait eu maille à partir avec la justice, mais ignoraient la gravité de son crime. Les juges ont pour mission de faire de la détention pour les mineurs une exception. En classe de première à 17 ans, le jeune homme aux pulsions morbides n’était pas pour autant un imbécile. Les psychiatres soulignent tous que la frontière entre le normal et l’anormal est extrêmement difficile à définir. Bref, les uns et les autres, tiraillés entre le souci de la victime et celui de donner une seconde chance au criminel, l’ont conduit, d’étape en étape, à son deuxième forfait.
Mineurs ou jeunes adultes ?
Comment la famille d’Agnès pourrait-elle se satisfaire de ces explications ? Nous vivons au sein d’une société permissive et solidaire qui nourrit un complexe de culpabilité à l’égard des jeunes et des délinquants parce qu’elle a vaguement conscience que ses graves travers nourrissent leurs comportements déviants. Le problème, c’est que les victimes n’ont pas, elles, de deuxième chance. Le viol marque une femme à vie, et l’assassinat est par définition irréparable. Il n’est pas interdit de croire que, dans les divers échelons sociaux franchis par l’assassin, justice, médecine et éducation, on a très peu pensé au risque de récidive. Les dispositions qui lui ont été appliquées n’ont pas vraiment pris en compte sa dangerosité, sinon il n’aurait pas pu commettre son deuxième crime. Qu’à propos d’une affaire qui bouleverse le pays, le gouvernement réagisse, qu’il reconnaisse que la criminalité progresse plus vite que la loi (il existe cinq lois sur la récidive et aucune, apparemment, n’a empêché le drame), qu’un jeune homme de 16 ans, 17 aujourd’hui, ne soit plus vraiment un mineur au sens où on l’entendait il y a un demi-siècle, que, en dépit de l’évolution des mœurs, de celle des enfants (l’adolescence est plus courte, on est adulte plus jeune), la défense des victimes potentielles doit être mieux organisée, quoi de plus vrai ?
Ce deuil d’une famille, partagé par toute la population, ne nous a pas épargné la polémique politique. La gauche a dénoncé la récupération, par le gouvernement, d’un fait-divers particulièrement affreux. Il nous semble pourtant que, cette fois, le pouvoir était sur la défensive, qu’il reconnaît que son bilan sécuritaire est moins bon qu’il ne le dit malgré de nombreuses mesures législatives, qu’il devait en tout cas répondre à la colère populaire. Il a donc décidé de faire pour les mineurs capables de tels actes ce qu’il aurait fallu faire pour le jeune assassin du Chambon-sur-Lignon : le placer dans un centre éducatif fermé. Face à la douleur de la famille, ce n’est pas une réaction démagogique. Ni « populiste », pour reprendre un terme en vogue. C’est du pur bon sens. Qu’aurait fait la gauche si elle avait été au pouvoir, elle qui se targue aujourd’hui d’avoir perdu sa « naïveté » en matière de sécurité ? Pourquoi une décision indispensable serait-elle démagogique à droite et justifiée à gauche ? On veut bien admettre que la campagne électorale exagère les réflexes, mais franchement, une affaire aussi regrettable aurait dû rester en dehors du contexte politique. La dialectique électorale, qui relève souvent du combat de boxe, n’a pas cours quand un pays entier est sous le choc.
LE GOUVERNEMENT NE POUVAIT PAS RESTER DE MARBRE DEVANT UN TEL DRAME
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