JULIEN COUPAT a été retenu en prison pendant de longs mois, alors que ses camarades ont été élargis assez vite. Pour aucun des membres de son groupe, la justice n’a dit, jusqu’à présent, qu’elle pouvait affirmer son innocence. Elle a mis fin à leur détention provisoire parce que l’accusation manque cruellement de preuves. La presse de gauche, non sans raison, dénonce un acharnement coupable qui peut avoir négligé d’autres pistes dans l’affaire du sabotage des caténaires. Elle s’insurge contre une sévérité judiciaire qui met en péril la relation entre la justice et les administrés. Elle accuse le pouvoir d’avoir monté cette affaire de toutes pièces, comme si, loin de rechercher la vérité, il se contentait de donner un os à ronger à l’opinion.
Il n’a pas inventé la lune.
La suite dira qui a raison, de la justice et du pouvoir ou de la gauche. Néanmoins, la question ne concerne pas seulement le comportement du gouvernement et des instruments dont il dispose pour faire régner l’ordre, mais aussi la lutte contre le terrorisme qui exige une détermination et une patience sans bornes. M. Coupat et ses amis nourrissent des idées qu’il a largement exprimées dans un entretien publié par « Le Monde ». Il n’a pas inventé la lune. Il se situe dans un courant révolutionnaire extrémiste et emprunte ses idées au situationnisme et à Guy Debord. Il hait le président Sarkozy, le gouvernement et la démocratie et il considère Olivier Besancenot comme inepte. Il est au-delà, et plus loin encore. Cependant, tant qu’il n’est pas passé à l’acte, il a le droit de penser ce qu’il veut, d’autant qu’on ne peut ingnorer ni sa culture ni son intelligence. Simplement, il ne renouvelle pas la critique de la société démocratique et parlementaire telle qu’elle est énoncée depuis plus de 40 ans. Il n’essaie pas, en tout cas, de promettre aux masses le bonheur radieux qu’un égalitarisme forcené leur procuererait.
Cela ne fait pas de lui un terroriste. Il n’empêche que les islamistes intégristes ne sont pas davantage des terroristes tant qu’ils se contentent de haïr, par le seul verbe, le monde qui les entoure. Pas terroristes encore, mais très dangereux quand même car ils font des émules et espèrent bien que leur disciples se livreront à des tueries et à des actes de destruction. Julien Coupat et ses amis, il est vrai, ne prêchent pas leur évangile ravageur. Ils ont plutôt appliqué leurs convictions à leur propre mode de vie en se regroupant dans une maison de Tarnac, en Corrèze, où leur discipline et leur amabilité ont parfaitement convenu aux habitants, qui ont pris vigoureusement leur défense. Ce qui nous conduit à penser que, plutôt que d’affronter l’indignation de la presse, le parquet aurait dû libérer Julien Coupat en même temps que ses amis.
Sans doute pour ne pas se déjuger mais aussi par précaution, la justice maintient la mise en examen de toutes les personnes qui ont une relation avec Julien Coupat et les surveille étroitement. Certes, la détention provisoire a infligé au groupe, et à M. Coupat en particulier, une épreuve qu’ils n’ont peut-être pas méritée. Il demeure que les moyens de la lutte contre le terrorisme sont rares. On a vu ce qui se passe quand on va les chercher en Afghanistan. Et le premier jugement que l’on doive formuler porte sur cette sécurité que les services français ont assurée à notre pays depuis les attentats du 11 novembre 2001 aux États-Unis. Comment croyez-vous que nous soyons restés si longtemps à l’abri d’un grave attentat si notre police et nos services de renseignements n’avaient fait un remarquable travail de prévention ? Nous ne savons même pas à quoi nous avons échappé et ceux qui nous protègent n’ont même pas la récompense morale qui devrait accompagner la guerre silencieuse qu’ils livrent dans l’ombre.
Intentions et actes.
C’est pourquoi, tout en restant très attachés au respect du citoyen innocent par la police et la justice, tout en pensant que ce respect n’est pas la marque principale de leur comportement, nous estimons qu’il faut toujours, dans ce genre d’affaire, faire la part des choses. Il y a au-dessus du cas Coupat des impératifs bien plus graves que le sort personnel de l’intéressé, dont il n’est pas encore établi qu’il allait traduire ses intentions par des actes. Toutefois, quand on arrête des gens qui fomentent un complot pour déposer une bombe, ils n’ont eu que l’intention de commettre un attentat ; cela n’empêche pas qu’on les mette hors de nuire. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas non plus jouer l’air de la liberté jusqu’au moment où notre appareil sécuritaire est pris en défaut. Il valait mieux que la justice se trompât par excès de prudence.
Julien Coupat est sorti de sa prison par une porte dérobée
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