Les premières excuses du fabricant allemand du thalidomide n’ont pas satisfait les associations de victimes de ce médicament. Entre 10 000 et 20 000 enfants sont nés avec des déformations après que leur mère aient pris ce médicament, vendu aux femmes enceintes pour soulager les nausées dans les années 1950 et au début des années 1960, dans près de 50 pays. Les victimes ont été recensées principalement en Allemagne, en Grande-Bretagne, au Japon, au Canada et en Australie.
Un mea culpa tardif
Le directeur exécutif de Grunenthal a déclaré, vendredi, que son entreprise était « vraiment désolée » pour son silence envers les victimes. « Nous demandons que vous considériez notre silence comme un signe du choc que votre destin nous a causé », a dit Harald Stock. Le directeur qui s’exprimait à Stolberg, dans l’ouest de l’Allemagne, a dévoilé un mémorial en hommage aux victimes : une petite sculpture de bronze représentant une fillette sans bras aux jambes malformées assise sur une chaise.
Freddie Astbury, consultant en chef de l’association britannique Thalidomide Agency UK, aurait notamment préféré que la firme accompagne « ses paroles d’un investissement financier » plutôt que d’exprimer un simple regret. En Australie, des avocats de survivants ont qualifié de « pathétiques » et d’« insultantes » les excuses du fabricant pharmaceutique. Dans un communiqué, les avocats de l’Australienne Lynette Rowe, qui a porté son histoire devant les tribunaux, ont fustigé le mea culpa de Grunenthal. « Ces excuses sont trop faibles, trop tardives, et pleines d’hypocrisie », ont réagi les avocats de Lynette Rowe, née sans bras et sans jambes. En Allemagne comme au Japon, le discours du laboratoire a également déçu. « Des excuses, cela va de soit », a déclaré Tsugumichi Sato, directeur général de Ishizue, un centre d’aide sociale. « Le nombre de victimes aurait été plus faible si l’entreprise avait arrêté la vente du médicament plus tôt », a-t-il fait remarquer.
Nouvelles indications
Le thalidomide, retiré du marché en 1962, connaît depuis quelques années un regain d’intérêt dans le traitement de plusieurs maladies graves compte tenu de ses propriétés anti-inflammatoires, immunomodulatrices et potentiellement antitumorales. Le médicament a été réintroduit sur le marché international, associé à des mesures strictes de prévention des grossesses, d’abord aux États-Unis, puis dans d’autres pays, et il est utilisé en Europe depuis 2003 dans le cadre d’une utilisation compasionnelle. En 2008, une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne en 2008 est délivrée pour le traitement du myélome multiple. En France, la molécule qui était déjà disponible depuis 1997 dans le cadre des autorisations temporaires d’utilisation (ATU) dans plusieurs autres affections est disponible dans cette indication depuis octobre 2009. L’Agence du médicament (AFSSAPS aujourd’hui ANSM) a alors donné un avis favorable à son utilisation dérogatoire hors AMM pour une durée de trois ans (ATU) dans 11 situations en dermatologie et en rhumatologie. En avril 2012, à la faveur d’une réévaluation du rapport bénéfice/risque, seules certaines situations hors AMM ont été reconduites : aphtose sévère réfractaire, réactions lépreuses de type II, lupus érythémateux cutané, maladie de Jessner-Kanof.
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