Le signalement réglementaire des infections nosocomiales (IN), spécificité française en Europe, a démontré son utilité. Mais, reconnaissent Jean-Claude Deseclos et Christian Brun-Buisson, « le signalement ne va pas nécessairement de soi pour les acteurs de terrain ». Une enquête conduite en 2009 auprès des professionnels de santé de 12 établissements des interrégions Ouest et Sud-Ouest met en évidence les facteurs qui sont des freins au signalement ou qui, au contraire, le favorisent.
Les freins sont principalement la difficulté d’adhésion des soignants et des biologistes à la définition de l’IN, qui reste très souvent associée à la notion de faute professionnelle. Nombre de soignants contestent le caractère nosocomial des infections à germe endogène ou soulignent les « complications » inévitables, selon eux, de certains actes. La notion de signalement est elle-même souvent associée à l’idée de délation. Ainsi qu’à une certaine lourdeur bureaucratique. Le signalement est considéré majoritairement comme très chronophages et les critères sont souvent critiqués comme insuffisamment précis.
Du côté des facteurs favorisants, la proximité de l’équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) et du président du C-CLIN avec les services cliniques semble déterminante, ainsi que la réactivité de l’EOH. L’acceptation des démarches qualité par les cliniciens est également importante.
Les auteurs concluent que le dispositif de signalement n’est pas rejeté mais connaît des difficultés d’application, qui pourraient être surmontées par la mise à disposition d’outils facilitant la démarche, par une communication renforcée et par une clarification des exigences réglementaires, qui devraient être adaptées aux réalités de terrain. Il serait également utile d’inclure une expérimentation du dispositif dans la formation initiale.
À noter un outil de signalement par voie électronique, e-SIN, actuellement en phase pilote dans des établissements de 8 régions et qui devrait être généralisée progressivement à partir de septembre. Le passage au niveau national du signalement papier au signalement électronique est prévu pour le 1er janvier 2012. e-SIN connectera à terme plus de 10 000 utilisateurs.
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