Les moustiques de type Aedes albopictus, dits moustiques tigres, vont représenter un risque sanitaire majeur sur l'ensemble du territoire dans les prochaines décennies selon une commission d'enquête de l'Assemblée nationale chargée d’évaluer les recherches, la prévention et les politiques publiques à mener contre la propagation des moustiques Aedes et des maladies vectorielles.
À l'occasion de la présentation de son rapport ce 28 juillet, cette commission a appelé à des actions vigoureuses pour lutter contre ces moustiques vecteurs de maladies comme le Zika, le chikungunya ou la dengue. Quarante-six propositions ont été faites en vue de refonder la politique de prévention, remettre à plat le cadre institutionnel de la lutte contre la prolifération de ces moustiques et pérenniser les moyens de la recherche.
« Le moustique tigre est une espèce invasive, qui n'existait pas dans l'hexagone avant 2004. En 2019, 58 départements sur les 96 départements métropolitains étaient colonisés », a indiqué la rapporteure et députée LREM de Mayotte Ramlati Ali. Et « si pendant 50 ans le territoire métropolitain a vécu à l'abri des maladies transmises par les moustiques, tel n'est plus le cas aujourd'hui. Il faudra apprendre à vivre avec eux, en limitant au mieux leur impact sur la santé des Français », est-il souligné dans le rapport. Dans les outre-mer, ce problème de santé publique est bien connu, avec des « épidémies de plus en plus virulentes », relève la commission.
Diversifier les molécules pour lutter contre les moustiques
En matière d'insecticides, la deltaméthrine « est aujourd’hui la seule substance dont disposent les pouvoirs publics pour lutter, à court terme, contre les moustiques Aedes sur un lieu donné », note la commission. Mais si ce produit « demeure indispensable », la commission plaide pour éviter des pulvérisations massives, pour des raisons environnementales ou par crainte « d'augmenter le risque d'apparition d'une résistance au produit chez les moustiques ». Elle appelle ainsi à diversifier les molécules et privilégier les actions de terrain.
La commission préconise aussi une meilleure information du public, la mise en place « dans les territoires affectés d'un plan régional de prévention contre le développement des gîtes larvaires » (zones de reproduction des moustiques), ainsi que l'élaboration de guide d'actions pour lutter contre les moustiques Aedes à fournir aux maires.
Sur le plan juridique et institutionnel, une proposition de loi sur la sécurité sanitaire, adoptée en première lecture au Sénat en février, apporte une première réponse selon la commission. Si le texte arrive à l'Assemblée, il pourrait être le « vecteur » d'une « rationalisation plus ambitieuse des responsabilités des acteurs publics », pour notamment faire des agences régionales de santé (ARS) « le chef d'orchestre de la lutte anti-vectorielle ».
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