Jusqu’à présent soumise à prescription médicale en Allemagne, la « pilule du lendemain » sera, dès le 15 mars, disponible sans ordonnance dans les pharmacies, une décision qui continue de susciter l’opposition de la plupart des organisations médicales, très prudentes sur le sujet.
L’Allemagne est, avec la Pologne et l’Italie, l’un des derniers pays européens à exiger une ordonnance pour la pilule du lendemain, mais une décision européenne tombée en janvier a eu pour effet d’accélérer les choses : l’Agence européenne du médicament a en effet accordé le statut d’OTC à la spécialité Ellaone (ulipristal acetate), ce qui oblige l’Allemagne à se mettre en conformité avec cette règle. Pour des raisons de concurrence, le pays va switcher aussi l’autre pilule du lendemain disponible dans ses pharmacies, PiDaNa (levonorgestrel). Cette décision, forcée par l’Europe, satisfait les associations féminines et plusieurs partis politiques de gauche, qui dénonçaient depuis longtemps le maintien de la prescription, justifiée selon eux par des considérations religieuses et traditionalistes, voire natalistes, plutôt que par des arguments médicaux valables.
Syndicats et sociétés savantes sont contre
Mais les médecins, eux, restent majoritairement sceptiques sur les avantages de la pilule du lendemain sans ordonnance : le syndicat des gynécologues et les sociétés savantes de gynécologie ont déploré cette mesure, en estimant de plus que les pharmaciens, qui auront un rôle d’information et de conseil avant la délivrance, ne sont pas suffisamment formés à cette mission. Pour eux, une consultation complète reste indispensable avant la prescription, y compris pour prévenir des IST ou des grossesses non désirées ultérieures. L’Ordre des médecins lui-même s’est clairement opposé à la mesure, pour des raisons de sécurité sanitaire et d’effets secondaires potentiels du produit. De plus, relèvent tant l’Ordre fédéral que certains ordres régionaux, certaines jeunes filles y voient un contraceptif comme un autre, et un « switch » le banaliserait encore plus, surtout si ses fabricants obtiennent le droit d’en faire de la publicité, comme pour les autres OTC. En 2014, près de 500 000 pilules du lendemain ont été prescrites en Allemagne, deux fois plus que lors de son introduction dix ans auparavant. Toutefois, un nombre important d’Allemandes achètent cette pilule dans les pays voisins, notamment en France.
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