Face à la dépendance

Les Français sont démunis

Publié le 18/05/2011
Article réservé aux abonnés
1305681205255238_IMG_61123_HR.jpg

1305681205255238_IMG_61123_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

À L’HEURE du débat national sur la dépendance, les résultats du 6e baromètre TNS Sofres* rappellent l’urgence d’une réforme : 55 % des Français ne se sentent pas capables de prendre en charge une personne âgée dépendante de leur entourage. Ils sont même 28 % à confier n’en être « pas capables du tout », un sentiment en augmentation de 2 points par rapport à 2010.

En cause, le coût de l’hébergement en maison de retraite. En effet, 42 % de la population ne voit aucune solution pour s’acquitter des 2 200 euros que requiert un établissement par mois et seulement 14 % estime que leur parent en mesure de payer. La majorité des Français sont donc contraints de recourir à des pis-aller, comme la vente d’une partie ou totalité du patrimoine (29 %) ou le recours à l’épargne des enfants (10 %). « Les personnes se saignent aujourd’hui aux 4 veines pour financer leur dépendance, cette situation ne peut plus durer longtemps », a commenté Luc Broussy, directeur du mensuel des maisons de retraite.

Manque d’information.

Le manque d’information est également un facteur majeur dans le sentiment d’impuissance des Français face au grand âge. Même si un tiers est directement concerné par la dépendance d’un proche, 63 % d’entre eux s’estiment mal informés, en particulier les moins de 50 ans.

Cause ou conséquence, l’opinion qu’ont les Français des maisons de retraite, entre méconnaissance et idées reçues, demeure très médiocre : 52 % d’entre eux affirment en avoir une mauvaise image, celle d’un hébergement très cher (ils sont 97 % à le penser), où les places sont insuffisantes, les risques de maltraitance présents (37 %), et où les personnes âgées ne souhaitent pas aller.

« Les Français attendent des réponses rapides », a déclaré Jean Leonetti, président de la FHF, lors de la présentation des résultats. « Le plan solidarité grand âge est passé à travers la crise économique, aujourd’hui, les moyens diminuent, le grand élan qui a eu cours il y a quelques années est stoppé », a alerté le délégué général Gérard Vincent. Et les citoyens s’en rendent compte. Malgré les nombreuses annonces du gouvernement, ils sont 67 % à juger insatisfaisante l’action publique, un résultat qui accuse un léger retrait (de 4 points) par rapport à l’année précédente, lié sans doute au lancement cette année du débat national sur la dépendance. Ils plébiscitent avant tout des solutions humaines : des moyens supplémentaires en personnels qualifiés et une meilleure formation. Dans un secteur d’avenir. 64 % des sondés conseilleraient à un proche de s’orienter vers un métier d’aide et de prise en charge des personnes âgées.

Sondage réalisé les 28 et 29 mars sur un échantillon de 1 000 personnes, interrogées en face à face à leur domicile, selon la méthode des quotas.

 COLINE GARRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8965