La première réunion publique sur la future salle de consommation de drogue qui sera expérimentée à Paris près de la gare du Nord s’est tenue ce mercredi soir « dans une ambiance tendue », a constaté une journaliste de l’AFP.
Devant un public partagé entre partisans et opposants au projet, le maire PS du 10e arrondissement Rémi Féraud a affirmé en ouverture des débats qu’il n’avait « pas encore trouvé de lieu », mais que « l’objectif était bien d’installer la salle dans le quartier Gare du Nord-Lariboisière ». Les réactions ont fusé : « On n’en veut pas », ont crié certains riverains. Le maire a alors précisé qu’il avait été demandé à la SNCF de « proposer un local », ce qu’elle n’a pas encore fait. « Il faut que cette salle soit proche de la scène ouverte », où se concentrent les toxicomanes, a-t-il ajouté, souhaitant qu’elle puisse « être ouverte avant l’été. »
Les détracteurs du projet ont notamment reproché une « fausse concertation », alors que « la décision est déjà prise », et ont manifesté leurs inquiétudes de voir se concentrer les trafics de drogue autour de cette salle. Plusieurs ont dénoncé des agressions de toxicomanes dont ils ont déjà été victimes, regrettant la faible présence policière dans le quartier. Myriam El Khomri, adjointe à la sécurité, a précisé qu’un renforcement des effectifs de police autour de la gare avait été demandé avec l’ouverture de la salle, assurant qu’il n’y aurait « pas de zone de non droit », où les forces de police ne pourraient pas aller.
7 jours sur 7, 8 heures par jour
La salle devrait être ouverte « 7 jours sur 7, huit heures par jour », pour « 150 passages par jour », selon Élisabeth Avril, directrice de l’association Gaia-France, qui défend le projet. Des partisans parmi les habitants présents lors de la réunion ont estimé que l’expérimentation d’une salle d’injection supervisée pourrait permettre de « limiter les dégâts », et « accompagner les toxicomanes vers une sortie de l’addiction ». La présidente de l’association de riverains Action Barbès, Élisabeth Carteron, a réaffirmé son soutien à ce projet, qui « permet de prendre en charge les toxicomanes ». À la question de savoir ce qu’il adviendra des toxicomanes lorsque la salle fermera « à 19 h 30 », Mme Avril a précisé que les horaires pourraient être adaptés mais que le pic de consommation de drogue se situait autour de 15 h. « Pourquoi ne pas l’installer dans l’hôpital Lariboisière et ne pas dépenser de l’argent inutilement ? », a objecté un riverain qui souhaitait un « vote citoyen » sur le sujet.
Entre 500 000 et un million d’euros par an
Sylvie Wieviorka, élue chargée de coordonner la mise en place de la salle, a précisé que le projet coûterait « entre 500 000 et un million d’euros par an ». La ville de Paris et la région participeront à l’investissement, les frais de fonctionnement des trois ans d’expérimentation seront à la charge de la Sécurité sociale.
Le gouvernement a donné début février son feu vert pour tenter l’expérience d’une salle de consommation de drogues à Paris.
Récemment, un collectif de familles et de médecins conduit par le Pr Jean Costentin, président du Centre national de prévention, d’études et de recherches sur les toxicomanies (CNPERT), et le Pr Henri Joyeux, président de la fédération Familles de France, ont affirmé leur opposition à toute expérimentation. L’Académie de médecine ou le Conseil de l’Ordre des médecins l’ordre y sont également opposés.
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