S’IL A FALLU FRANCHIR de gros obstacles pour conclure l’accord du G20, il faudra encore plus d’efforts pour trouver à l’OTAN une nouvelle vocation. On n’était pas loin, dans les années 90, d’en souhaiter la suppression, sous le prétexte que la rivalité Est-Ouest avait disparu. Il faut bien, aujourd’hui, se résoudre à admettre que, si la perspective d’une guerre nucléaire s’éloigne, les menaces de toutes sortes contre l’ordre mondial se sont multipliées. À ce jour, l’OTAN ne s’y est pas adaptée et surtout, n’a pas formulé une doctrine propre à définir les règles d’engagement militaire contre ces menaces, moins claires, plus diffuses mais presque aussi graves que le risque d’une troisième guerre mondiale.
Le rôle de la Russie.
Cela ne veut pas dire que les pays membres de l’Alliance n’aient pas intensément réfléchi au nouveau rôle que doit jouer l’OTAN. Il est clair, par exemple, que la prolifération nucléaire et, pire encore, la possession d’ames nucléaires par des pays irresponsables, comme l’Iran et la Corée du Nord, et l’avènement pas du tout inimaginable d’un pouvoir terroriste au Pakistan, pays doté de l’arme atomique, constituent les éléments inquiétants de la nouvelle donne mondiale. Jusqu’à présent, la Russie, en dépit de la détente dans ses relations avec le président Obama, a choisi de ne pas rejoindre le concert des Occidentaux, avec l’idée que leurs craintes lui permettront d’assumer un rôle décisif dans la recherche d’un règlement, très hypothétique, avec l’Iran par exemple.
Toutefois, l’OTAN n’a pas attendu sa réforme pour intervenir sur divers théâtres, par exemple dans l’ex-Yougoslavie où le résultat de ses efforts militaires et civils n’est nullement négligeable, sinon pleinement satisfaisant. En Afghanistan, elle appparaît comme le vecteur naturel pour l’instauration d’une démocratie viable dans ce pays. De toute évidence, elle n’est pas formée pour cette tâche et sa force de frappe, qui atteint souvent d’innocents civils, fait plus dégâts politiques qu’elle ne triomphe des taliban. En même temps, l’OTAN, qui est une association de bonnes volontés, souffre du manque d’effectifs et de moyens et les tâches assignées aux troupes d’Afghanistan sont diverses, avec des degrés tout aussi divers d’exposition au danger, qui traduisent la pusillanimité d’un certain nombre de pays, dont la France, lesquels craignent les conséquences poliitiques de pertes trop lourdes sur le terrain. Enfin la durée du conflit fait que, aujourd’hui, les Afghans eux-mêmes ne font pratiquement plus rien pour ériger leur démocratie et cèdent dangereusement à l’attrait de la culture du pavot et aux édits de l’intégrisme.
C’est ainsi qu’a émergé l’idée qu’il fallait assortir la bataille d’une négociation pour parvenir non plus à la victoire complète sur les forces obscurantistes, mais à un compromis. Ce n’est pas surprenant dès lors qu’on comprend que les Occidentaux ne souhaitent pas faire de trop grands sacrifices au nom d’une liberté que les Afghans ne réclament pas tous avec la même passion ; c’est très surprenant, en revanche, d’un point de vue strictement rationnel. L’idée qu’il pourrait y avoir de bons et de mauvais taliban confine au ridicule. Les taliban sont bons pour l’intégrisme islamiste, ils sont très mauvais pour notre conception de la société ; ils sont les amis d’Oussam ben Laden, et donc nos ennemis. C’est pourquoi on a peaufiné le concept de « bon taliban » en formulant une idée plus cynique mais infiniment plus réaliste : tout cela n’est qu’affaire de gros sous. C’est en achetant le concours des tribus que le général américain David Petræus a pu décimer Al-Qaïda en Irak ; les Américains veulent donc retourner le plus grand nombre d’insurgés en les payant. Mais le vrai problème, c’est de donner aux paysans un revenu qui remplace intégralement ceux de la culture du pavot et ça, c’est une autre affaire.
Les inconvénients du succès.
L’OTAN a aussi les problèmes créés par son trop grand succès : beaucoup de pays de l’Europe centrale et orientale ont compris ce qu’elle représente. Là où elle est, elle défend une intégrité territoriale et des institutions démocratiques. De sorte que l’Ukraine, traitée avec brutalité par Moscou, la Géorgie, envahie l’été dernier par la Russie, réclament leur intégration dans l’OTAN, et elles ne sont pas les seules. George W. Bush aurait bien voulu repousser l’invasion des Russes en Géorgie, mais sa présidence agonisante ne lui a pas permis de le faire. On aura compris que Barack Obama n’a pas du tout l’intention d’affronter Moscou militairement dans un coin reculé de l’Europe orientale.
Ce qui pose le principe même de la vocation de l’OTAN. S’il est appliqué religieusement, il conduit à une guerre, des dévastations et des destructions ; s’il n’est pas appliqué, à quoi sert-elle ? C’est sur la crédibilité de son pouvoir de dissuasion que l’OTAN joue son avenir. L’orientation de sa philosophie nous semble pourtant aller de soi : l’Alliance doit être aussi et surtout une force diplomatique qui doit épuiser tous les moyens de la négociation avant de passer à l’acte. C’est ce qu’elle a fait dans les années 90 avec la Serbie, et elle a réussi. Bien sûr, avec la Russie, c’est différent.
L’OTAN DOIT ADAPTER SA DOCTRINE AUX NOUVEAUX CONFLITS
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