UN PEU DE LUCIDITÉ (ou d’impartialité) nous fera voir les choses comme elles sont : si une femme revêtue du voile intégral refuse de payer une amende de 22 euros, c’est que, en conduisant dans cet appareil, elle entendait bien tester la maréchaussée. Cela nous semble d’autant plus évident que son mari, Liès Hebbadj, d’origine algérienne, naturalisé en 1999, a mûri sa riposte pendant trois semaines et a livré son « affaire » au public. On apprend à son sujet qu’il appartient à un mouvement religieux fondamentaliste, le Tabligh, qui trouve son origine au Pakistan. Sa femme est une française convertie. La provocation vient bel et bien de M. Hebbadj : il veut en découdre avec les pouvoirs publics sans doute parce qu’il espère que, au terme de la confrontation, il imposera la burqa au volant. Et aussi la polygamie. Car, si M. Hebbadj n’est pas polygame à proprement parler, il aurait des « maîtresses » auxquelles il aurait fait plusieurs enfants. Ce qui lui assurerait un revenu appréciable grâce aux allocations familiales.
Récupération politique.
La même lucidité nous permet de constater que le gouvernement s’est emparé de l’affaire pour démontrer sa sévérité à l’égard de la burqa et de tous les comportements irrespectueux de la laïcité. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, écrit au ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Éric Besson, pour qu’il explore les moyens de sanctionner M. Hebbadj au-delà d’une simple contravention: il s’agirait de remettre en question sa citoyenneté française, dont il pourrait être déchu. Jean-Marc Ayrault, maire socialiste de Nantes, est dans le vrai quand il demande ce qu’a fait le gouvernement depuis que M. Hebbadj étale sans la moindre discrétion ses convictions religieuses (et qu’il est suivi, dit-on ici et là, par les Renseignements généraux.
LE MARI DE LA FEMME VOILÉE MET L’ÉTAT FRANCAIS AU DÉFI
On ne va pas ratiociner : M. Hortefeux a lancé une opération de communication destinée à faire adopter la loi anti-burqa au plus vite et, accessoirement, à récupérer des électeurs du Front national. M. Besson a néanmoins admis qu’il serait difficile de déchoir M. Hebbadj de sa nationalité française : il n’est pas polygame aux yeux de la loi, il a parfaitement le droit d’appartenir au Tabligh, il travaille et gagne sa vie. S’il y a escroquerie aux allocations familiales, il faudra le prouver. Le ministre de l’Immigration ne se tient pas pour battu : il envisage de nouvelles dispositions législatives pour régler les cas semblables à celui de Nantes.
Deux manipulations.
On conviendra donc qu’il y a deux manipulations dans cette affaire : celle de M. Hebbadj, qui a subjugué une femme pour en faire un objet de scandale, rôle auquel elle s’est volontiers prêtée, et celle du gouvernement, qui monte l’histoire en épingle pour montrer sa fermeté. Il est remarquable que M. Hebbadj ait choisi de sortir de l’anonymat. Ce n’est pas par sentiment d’injustice qu’il refuse de payer les 22 euros de la contravention ; il veut plaider sa cause et obtenir un jugement en vertu duquel les femmes de France pourront conduire tout en portant le voile intégral. Il a fort bien compris que, en l’état, le droit français, ne permet de sanctionner ni l’intégrisme religieux, ni la burqa. Certes, en donnant délibérément une telle publicité à l’affaire, il embarrasse la communauté musulmane qui a en assez de se retrouver constamment en première page des journaux et, dans son immense majorité, réprouve la fondamentalisme. Mais il ne craint pas de causer du tort à ceux de ses coreligionnaires qui rejettent le fondamentalisme. Avec d’autres, il attend le moment où il pourra les soumettre aux lois du Tabligh.
Même si le gouvernement, une fois de plus, est allé trop vite, et avec la claire intention de livrer une bataille examplaire contre Hebbadj, celui-ci n’est nullement innocent. Par l’intermédiaire de son épouse, il s’est livré à une provocation. L’issue du bras de fer entre l’État et les fondamentalistes est infiniment plus importante que les calculs politiciens de l’Élysée.
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