SI L’AFFAIRE soulève beaucoup d’émotion, c’est parce que la police ne considère pas les agresseurs comme des gangsters relevant du grand banditisme, mais plutôt comme de petits trafiquants de drogue qui voulaient libérer l’un des leurs et n’ont pas hésité à utiliser une Kalachnikov. Dans l’échange des coups de feu, c’est miracle s’il n’y a pas eu de victime. Mais les expéditions pour arracher un condamné ou un simple détenu à sa prison sont légion, notamment dans les cas rocambolesques de recours à l’hélicoptère. Que des dealers de banlieue imitent leurs congénères plus violents est certes alarmant. La vraie question, cependant, porte sur l’armement qu’ils peuvent se procurer.
Fouille musclée.
Ce qui explique que le quartier des « 4 000 » ait ensuite été fouillé par des équipes de policiers surarmés. Il s’agissait principalement de reprendre le terrain et de ne pas laisser les dealers croire qu’ils font ce qu’ils veulent sur ce qu’ils considèrent, parfois, à raison, comme leur territoire. Le spectacle des agressions suivies de ratissages de type militaire est particulièrement inquiétant. Cela se passe, désormais, dans presque toutes les banlieues, la tension est forte, les voyous sont irréductibles, le ministère de l’Intérieur n’entend pas laisser la violence devenir un fait accompli. Dans une période électorale en tout cas, ces brusques accès de violence peuvent porter atteinte à la crédibilité du gouvernement, qui se réjouit un peu vite de statistiques indiquant un recul de la délinquance. Secrétaire général de l’uMP, Xavier Bertrand a affirmé lundi, élections européennes obligent, que du temps des socialistes au pouvoir (1997-2002), la progression de la délinquance a été continue alors que, depuis lors, elle recule. Il n’a pas pu nier pour autant que les violences commises contre les personnes augmentent et que l’armement des brigands, plus dangereux, fait courir de nouveaux risques aux forces de l’ordre. Il a lui-même rappelé les incidents très graves qui se sont produits à Strasbourg pendant le sommet de l’OTAN. On ne voit donc pas comment l’opinion pourrait se satisfaire de chiffres qui ne racontent que la moitié de l’histoire.
Comment réagir contre la détermination des voyous, même quand ils n’appartiennent pas au grand banditisme ? Quelle influence la crise et le chômage exercent-elles sur le comportement de ceux qui vivaient déjà dans le dénuement ? La réponse à l’acquisition d’armes plus dnagereuses par les brigands réside-t-elle dans un meilleur équipement pour les policiers ? Et la généralisation de la violence ne va-t-elle pas transformer les banlieues en zones de non-droit, ou même mortelles pour les habitants ?
Le gouvernement ne semble pas avoir les réponses à toutes ces questions et, en dépit de la détermination exprimée, lundi encore, par la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, on n’a pas le sentiment que les pouvoirs publics savent dans quelle direction ils vont s’orienter. La paupérisation induite par la crise ne peut que durcir les comportements des hors-la-loi. On peut toujours annoncer des plans à long terme destinés à améliorer les conditions de vie dans les banlieues, la violence progresse beaucoup plus vite que la réfection des arrêts de bus ou des immeubles. Quant au discours par lequel la majorité dénonce ce qui a été fait du temps de la gauche, il ne vaut pas mieux que celui de l’opposition qui dénonce une inaction du gouvernement sous des propos toujours volontaristes.
Un problème politique.
Pourtant, le problème est politique. L’insécurité menace tout le monde, car, si elle n’est pas freinée, elle débordera des quartiers et s’étendra à ceux qui se croient à l’abri. Elle mine en outre tous les efforts pour rendre aux banlieues un peu de joie de vivre. Elle compromet des plans de développement qui coûtent cher. Le gouvernement ne peut pas, indéfiniment, se référer à la lointaine gestion du pays par les socialistes. Il y a sept ans que la droite est au pouvoir, et pour ces sept années, l’opinion voudrait voir quelques résultats. Or elle croit plus à une accélération de la violence qu’à un début de ralentissement. Élu principalement sur sa fermeté à l’égard du banditisme, Nicolas Sarkozy ne peut pas dire aujourd’hui qu’il l’a jugulé. Le pire, c’est que les socialistes font plus de communication au sujet de l’insécurité qu’ils ne disposent pas de la recette pour en venir à bout. Ce sont les Français en général qui en paient le prix et les policiers en particulier.
Trois policiers en faction pendant la nuit à la Courneuve
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation