EN ISRAEL, le pape n’a pas soulevé l’enthousiasme que son prédéceseur avait su déclencher. Mais les juifs, d’Israël ou de la diaspora, estiment avoir un contentieux avec lui depuis la levée de l’excommunication de l’évêque négationniste Williamson. Ils l’ont donc acueilli avec un préjugé, pas forcément fondé, dans la mesure où l’affaire Williamson a montré que les catholiques eux-mêmes étaient aussi indignés que les juifs. Souligner que ce pape est allemand, alors qu’Angela Merkel lui a donné plus que du fil à retordre à propos de Williamson, dire qu’il a appartenu aux Jeunesses hitlériennes alors qu’il n’avait que 14 ans à l’époque ne servait sûrement pas le rapprochement entre l’Église catholique et le judaïsme. Il est vrai en revanche que Benoît XVI n’a pas le charisme de Jean Paul II. Son commentaire sur la Shoah, « inacceptable » tragédie, résonnait plus comme un effet de rhétorique que comme le propos dicté par une indignation spontanée.
Des propos « normaux »
Cependant, rien de tout cela n’eût été grave si la suite du voyage, avec la visite en Cisjordanie, n’avait donné lieu à des discours complètement acquis à la cause palestinienne. Chacun des mots que le pape a prononcés a été longuement pesé et il est plus que probable que le gouvernement israélien en a été informé et n’a pas été pris par suprise. Aussi bien, qui pourrait contester au pape son désir de paix ? Le pacifisme est consubstantiel du christianisme. Même quand il a dit que l’érection du Mur qui sépare les Palestiniens des Israéliens montre « l’impasse où les relations (entre les deux peuples) ont abouti », il ne fait qu’énoncer une évidence. Enfin quand il se prononce pour une « patrie palestinienne souveraine sur la terre de vos ancêtres », il ne dit rien d’autre que ce que disent beaucoup de gouvernements occidentaux. On peut néanmoins supposer que les Israéliens, qui l’ont tout de même accueilli avec déférence, espéraient un discours plus équilibré qui auraient fait une part à leur souci de sécurité. Le Mur est destiné à lutter contre le terrorisme que Benoît XVI a certes dénoncé, mais brièvement, pour mieux insister sur les droits des Palestiniens. En d’autres termes, s’il a réussi à effacer les effets négatifs de son discours de Ratisbonne, il n’a rien fait pour faire oublier Williamson.
Sans doute a-t-il pensé qu’au moment où les Israéliens se sont donné un gouvernement qui refuse de parler d’un État palestinien dont la création semble pourtant urgente, il était de son devoir d’augmenter les pressions exercées de toutes parts, et notamment par les États-Unis de Barack Obama pour qu’Israël reprenne la négociation là ou l’avait laissée Ehud Olmert. Mais ce faisant, le pape est passé du spirituel au temporel. Rien ne le contraint à se confiner dans une fonction neutre. Mais après tout, Israël aussi a le droit, au nom de l’histoire et des ancêtres, d’avoir une patrie souveraine. C’est même dans l’ancien testament.
Nommer les bons et les méchants.
Benoît XVI n’a pas lésiné sur les arguments anti-israéliens puisqu’il a condamné, non sans une fermeté extrême, l’offensive contre Gaza et les victimes civiles qu’elle a faites. Il n’a pas osé pour autant relever la responsabilité du Hamas dans cette tragédie. On croit savoir pourquoi : il ne sied pas à un pape d’entrer dans les détails. Mais il ne lui sied pas non plus de nommer les bons et les méchants. Dans ce cas, il aurait dû rester dans la neutralité qui convient à son rôle spirituel. Il nous semble en tout cas peu probable que les Israéliens et les juifs de la diaspora gardent de son séjour au Proche-Orient un souvenir ébloui. Tout s’est passé comme si Benoît XVI, jouant son va-tout, avait décidé qu’il préférait abandonner les Israéliens pour soutenir le consensus mondial en faveur d’un État palestinien.
Les Israéliens peuvent tirer de ce voyage deux leçons différentes : ils s’enfermeront dans leur politique sécuritaire, persuadés qu’il n’y a décidément personne pour les comprendre ; ou bien le Premier ministre Netanyahou mesurera un isolement diplomatique que le pape n’a fait qu’amorcer et qui sera suivi par de vives pressions américaines. Quant à l’amélioration des relations entre le christianisme et le judaïsme, elle attendra.
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