L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a remis, le 28 novembre, son rapport sur les complications cardiaques survenues chez 4 patients traités par chimiothérapie intensive avant autogreffe au CHU de Nantes. À ce stade, l'IGAS ne relève aucun écart permettant d'expliquer les complications graves observées. Les inspecteurs ne sont pas non plus parvenus à comprendre l'origine exacte des myocardites aiguës observées chez les patients.
L'enquête de l'IGAS a été commandée le 17 novembre par la ministre des Affaires sociale et de la Santé Marisol Touraine, suite au décès de trois patients adultes, traités pour un lymphome au CHU de Nantes, survenus les 10, 11 et 13 novembre. Tous les trois étaient hospitalisés dans le service d'hématologie du CHU, et bénéficiaient d'une chimiothérapie avec autogreffe.
Un quatrième patient, également atteint de complications graves, a vu son état s'améliorer. Il a pu quitter le CHU après avoir finalement bénéficié de l'autogreffe programmée. Un cinquième patient hospitalisé au même moment et pour le même motif que les 4 autres, mais ne présentant aucun signe clinique particulier, avait été placé en surveillance dans un service de réanimation. Ce patient sert de témoin aux investigateurs de l'IGAS.
L'hypothèse bactérienne écartée
Les 5 patients présentaient des lymphomes agressifs. Il s'agissait de lymphomes B diffus à grandes cellules pour 3 d'entre eux, et d'un lymphome B à petites cellules dans les 2 autres cas.
Concernant la cause des myocardites, les résultats bactériologiques sont négatifs, à l'exemption de ceux du 3e patient qui a également présenté un choc septique à Escherichia coli. Une seule autopsie a été réalisée sur le premier patient, mettant en évidence des lésions de myocardite aiguë à éosinophiles avec épanchement péricardite. Les médecins légistes ont conclu à une myocardite immunoallergique.
Les inspecteurs notent que le seul patient à ne pas avoir eu de symptôme est également le seul à avoir reçu de l'anthracycline, connue pour sa toxicité cardiaque à long terme. Toutefois, les doses cumulées reçues par les 4 autres patients étaient bien inférieures au 550 mg/m de surface corporelle nécessaires au déclenchement d'un effet cardiaque. En ce qui concerne les lots de médicaments utilisés, la mission ne relève aucun lot utilisé chez les 4 patients atteints de troubles cardiaques qui n'ait pas aussi été administré au patient témoin.
Pour l'IGAS, le CHU a fait son travail
Les enquêteurs ne notent pas non plus d'irrégularité dans les modes de prescription, l'administration ou la préparation des produits de chimiothérapie. Ils saluent en outre la manière dont le signalement et la prise en charge des incidents se sont déroulés.
Lors du signalement de l'incident, le chef du service d'hématologie avait averti que l'ensemble des patients avaient bénéficié du protocole BEAC (BCNU, étoposide, cytarabine, et cyclophosphamide) au lieu du protocole prévu BEAM (BCNU, étoposide, cytarabine, et melphalan). Ce changement était motivé par une rupture de stock de melphalan.
À la suite de la remise du rapport, la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a demandé à l'IGAS de poursuivre ses investigations, en particulier sur les conditions d'approvisionnement de ce médicament. Elle demande également à l'Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) et à l'Institut national du cancer (INCa) de recenser l'ensemble des patients traités pour lymphome en France en 2016 avec le même protocole de chimiothérapie. Les deux organismes doivent en outre établir de nouvelles préconisations nationales.
La société européenne de transplantation sanguine et de moelle a par ailleurs été sollicitée afin d'analyser l'utilisation et la tolérance, au niveau européen, du protocole BEAC. Une enquête ouverte le 18 novembre par le parquet de Paris suite au signalement du CHU de Nantes est toujours en cours.
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