« Faisons équipe avant qu'il pique ». Le nouveau mot d'ordre de la campagne saisonnière de démoustication s'inscrit clairement dans la problématique.
Si selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le risque d'une propagation de l'épidémie du virus Zika en Europe reste « faible à modéré », du fait de la présence d'Aedes albopictus sur son territoire, la France se trouve en tête du classement des pays à « risque modéré ». Le dispositif de surveillance estivale du moustique tigre orchestré par la Direction générale de la santé (DGS) a débuté le 1er mai et se poursuivra jusqu'au 30 novembre. Cette mesure saisonnière est instaurée depuis 2006, dans le cadre du plan national anti-dissémination des arboviroses qui s’applique à toutes les maladies transmises par les moustiques vecteurs du genre Aedes.
Résistance aux insecticides
Le ministère de la Santé en appelle à la mobilisation individuelle et collective pour limiter la dissémination d'Aedes albopictus dans les départements français. Il insiste particulièrement sur l'importance de « supprimer les eaux stagnantes qui permettent la reproduction du moustique » autour des habitations. Et pour cause « les recommandations nationales poussent à limiter autant que possible le recours aux insecticides, pour éviter les problèmes de résistance, comme c'est déjà le cas en France d'outre-mer, explique Christophe Lagneau, directeur Recherche et développement de l'Entente interdépartementale pour la démoustication (EID) Méditerranée, le principal des trois opérateurs de démoustication en métropole. De fait, un seul type de produits autorisé, à base de pyréthrinoïdes, est aujourd'hui efficace, mais il n'est utilisé que pour le traitement localisé au voisinage d'un cas suspect d'arbovirose ».
Aedes albopictus, originaire d'Asie, s’est développé de manière continue depuis 2004 et gagne du terrain en Métropole où il est désormais implanté dans 30 départements* contre une quinzaine l'an dernier.Depuis 2010, des cas autochtones de dengue et de chikungunya ont été déclarés dans les régions de Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. L’épidémie de Zika qui sévit actuellement dans les Antilles françaises et en Guyane ainsi que les cas récents de dengue identifiés en Martinique augmentent les risques d’importation en Métropole.
Le dispositif de surveillance, actualisé chaque année, est établi en lien avec L'Agence santé publique France (impliquant l'ex Institut de veille sanitaire (InVS), les agences régionales de santé (ARS), les conseils départementaux et les communes concernés. Il consiste notamment en une surveillance entomologique visant à détecter l’activité du moustique afin d'agir le plus précocement possible « Nous demandons à chaque médecin observant chez un patient les signes possible d'une arbovirose de signaler ce cas sans attente de confirmation du diagnostic auprès de l'agence régionale de santé. L'enjeu est d'empêcher le démarrage d'une chaîne de transmission interhumaine de ces virus », souligne le Dr Harold Noël, responsable de la surveillance des maladies tropicales au sein de l'Agence santé publique France. Des mesures de démoustication sont dès lors mises en place autour du domicile et du lieu de travail d'une personne infectée ou susceptible de l'être. Une vigilance est du reste conseillée aux personnes voyageant dans des zones où circulent les virus de la dengue, chikungunya ou Zika, de consulter rapidement en cas de symptômes « évocateurs » à leur retour.
Une centaine de cas signalés
« Nous avons reçu une centaine de signalements depuis le 1er mai, dont la moitié sont des cas de dengue, chikungunya ou Zika », rapporte le Dr Noël. Christophe Lageneau relève quant à lui sur la même période « 45 cas suspects, tous d'importation, dont vraisemblablement 3 dus au virus Zika » au niveau de l'EID Méditerranée. « Nous avons mené 120 enquêtes entomologiques pour finalement aboutir à seulement deux situations de lutte antivectorielle exigeant la pulvérisation d'insecticide », tient-il à préciser. L'ensemble de ces données épidémiologiques, une fois consolidées, seront accessibles sur le site de l'Agence santé publique France à partir du 30 mai et actualisées tout au long de la période de surveillance.
* Alpes-Maritimes, Haute-Corse, Corse-du-Sud et Var, Alpes-de-Haute-Provence et Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault et Vaucluse, Lot-et-Garonne, Pyrénées orientales, Aude, Haute-Garonne, Drôme, Ardèche, Isère, Rhône et Gironde, Saône-et-Loire, Savoie, Ain, Dordogne, Landes, Lot, Pyrénées-Atlantiques, Bas-Rhin, Tarn, Tarn-et-Garonne, Vendée, Val-de-Marne
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