MICHEL ROCARD, 78 ans, a pris mercredi dernier sa retraite parlementaire en quittant prématurément son siège d’eurodéputé. Présent depuis plus de 40 ans sur la scène politique française, l’ancien Premier ministre de François Mitterrand est celui qui a porté sur les fonds baptismaux la Contribution sociale généralisée.
C’était en novembre 1990 ; l’opération était au départ présentée comme provisoire et l’idée était de diversifier le financement de la protection sociale jusque-là essentiellement assis sur les cotisations sociales - Michel Rocard voulait « donner à la Sécurité sociale un financement plus sûr et plus réparti ». Au Parlement, la CSG (inscrite dans la loi de Finances) était approuvée ric-rac, essuyant une motion de censure déposée par la droite et votée par les communistes. Des années plus tard, Michel Rocard estimera que cette réforme aura pesé lourd dans son départ de Matignon. « Ma vraie perte de sondages, c'est la CSG, dira-t-il, ajoutant aussitôt : Or, je suis extrêmement fier de l'avoir fait. »
Dix-huit ans plus tard, la CSG est toujours là. En pleine forme (voir encadré). Sauf les communistes, qui continuent à la juger inéquitable, ses pourfendeurs des débuts l’ont finalement adoptée sans trop de peine. Et vite. Édouard Balladur a fait grimper une première fois son taux de 1,1 % à 2,4 % en juillet 1993, puis Alain Juppé l’a relevé à 3,4 % en janvier 1997 - le même Alain Juppé a aussi élargi l’assiette de la CSG (taxant les pensions de retraite imposables, les allocations chômage supérieures au SMIC) et lui a inventé une petite sur, la Contribution au remboursement de la dette sociale ou CRDS, elle aussi promise à un brillant avenir. En 1998, à son tour, le gouvernement de Lionel Jospin a porté le taux de la CSG à 7,5 %.
Augmentera, augmentera pas ? À chaque discussion des projets de loi de financement de la Sécurité sociale, la question surgit. L’automne dernier n’a pas fait mentir la règle, Éric Wrth a promis de ne pas toucher à la CSG (« le Quotidien » du 16 novembre).
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