IL FAUT D’ABORD relativiser la gravité du four : il n’aura aucune conséquence politique. Il révèle néanmoins l’incapacité de Martine Aubry à renouveler le discours socialiste, au point d’en avoir perdu, en l’occurrence, un tout petit peu de sa crédibilité. La Première secrétaire laboure des terres qu’elle a défrichées depuis trop longtemps ; si, en ces temps de récession, la dénonciation de la précarité et de la souffrance sociale retrouve droit de cité, l’idée de faire un procès au pouvoir au sujet d’une perte de libertés n’a pas convaincu grand monde.
Le règne de l’insolence.
On en veut pour preuve non plus l’impertinence, mais l’insolence (quand ce n’est pas tout simplement la méchanceté assurée d’impunité) avec lesquelles les médias traitent l’ensemble de la classe politique, alors qu’un peu de retenue rendraitle propos plus convaincant. « Sans liberté de blâmer... » : voilà au moins une liberté dont usent et abusent les journalistes, les étudiants en grève, les enseignants et les fonctionnaires hostiles à toute réforme, les syndicalistes, l’opposition bien sûr, qu’elle soit de gauche ou de droite. Non seulement on n’a pas le sentiment d’être baillonné ou ligoté dans ce pays, mais on trouve le langage critique répétitif, très souvent de mauvaise foi, excessif, parfois vulgaire.
Bref, il n’est pas abusif de dire que les Français sont libres de s’exprimer et même, plus souvent qu’on ne le prétend, qu’ils ont pratiquement le droit de dire publiquement et à propos de n’importe qui n’importe quelle fadaise. Si le débat politique ne s’en améliore guère, si le « talk show » est devenu un pandemonium, si l’aggressivité de certains participants aux débats télévisés est quelquefois abjecte, au moins le principe sacro-saint de la liberté d’expression est-il sauf.
Les militants socialistes conviés à la fête du Zénith ont-ils vaguement deviné que le thème de la rencontre n’était pas des plus appropriés ? En tout cas, le socialiste Manuel Valls a ôté son jugement de la bouche de l’UMP quand il a dénoncé « le gauchisme infantile et l’antisarkozysme obsessionnel ». Frédéric Lefebvre n’aurait pas mieux dit. Après quoi, les sarcasmes ont plu comme des hallebardes. On a redécouvert le charme et la beauté de Ségolène Royal au Zénith quand elle annônait fra-ter-ni-té, afin d’établir avec Martine Aubry une comparaison peu flatteuse pour la Première secrétaire. Mais ce n’est pas une affaire de look. C’est qu’au moins Mme Royal cherche ailleurs que dans la lourde besace du socialisme du congrès d’Épinal les idées qui donneront du tonus et de l’allant au parti. Mme Aubry nous envoie un message déprimant et son second, Benoît Hamon, mine figée et sourire crispé, ne l’aide guère à nous séduire. Quand on nous répète à l’envi que tout va mal uniquement à cause de Sarkozy, même la crise venue d’ailleurs, que nous sommes tous fichés, suspects, pourchassés par la justice et par la police, que la France traite les immigrés clandestins comme les nazis traitaient les innocents, que la nomination de François Pérol à la tête d’une banque est une tâche sur l’honneur de la France, le citoyen n’a pas de mal à comparer sa situation personnelle à ce qu’on lui raconte.
Sarko n’est pas le problème.
Sans doute Mme Aubry et M. Hamon ne peuvent-ils produire que ce pour quoi ils sont programmés. On ne leur reprochera pas de nourrir un projet qui serait la contre-réforme du sarkozysme. Nous nous demandons seulement, et pas mal de socialistes avec nous, si le retour aux racines du socialisme, donc au radicalisme de gauche, représente la bonne stratégie, pas seulement celle qui séduit le peuple mais celle qui est adaptée à la résolution des problèmes actuels. Il est vrai que Martine Aubry a concédé que « Sarkozy n’est pas un dictateur ». Merci pour lui, mais cela ne suffira pas pour augmenter les chances de la gauche en 2012. Entre Olivier Besancenot et Ségolène Royal, Martine Aubry n’a pas encore trouvé son chemin, son discours, son rythme. Elle a de la poigne, mais pour l’unité du mouvement, il faut un thème fédérateur ; elle est habile, mais elle compte une centaine de Machiavel dans son parti ; elle est sûre d’elle-même, mais elle l’a été pour les 35 heures et n’a jamais consenti à reconnaître que c’était une erreur. Si son idée était de définir l’action à venir du PS dans l’absolu et non pas en réaction à ce que fait le pouvoir aujourd’hui, elle a échoué pour le moment.
SI LE PS VEUT GOUVERNER, IL DOIT SE DÉFINIR AUTREMENT QUE PAR RAPPORT AU POUVOIR
Au Zénith, dimanche dernier
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