Le Conseil de l’Europe voit dans la circoncision des jeunes garçons pratiquée sans raison médicale une « atteinte volontaire à l’intégrité physique des enfants, décidée sans leur consentement » et souhaite qu’un réel débat de société, associant notamment les médecins et les autorités religieuses, puisse avoir lieu autour de cette question.
Les parlementaires du Conseil de l’Europe, tous issus des 47 États membres que compte l’Organisation, ont adopté, le 1er octobre à Strasbourg, un rapport dénonçant toutes les atteintes à l’intégrité physique des enfants, mais dont les débats se sont surtout focalisés sur la circoncision. Si tous les parlementaires s’accordent en effet pour dénoncer sans équivoque les mutilations génitales infligées aux petites filles et réclamer des moyens juridiques supplémentaires pour mieux combattre et punir ces actes que rien ne peut excuser, les avis ont été bien plus nuancés sur la circoncision. Marlene Rupprecht, députée socialiste allemande à l’origine de ce texte, a particulièrement dénoncé la circoncision traditionnelle juive. Celle-ci, pratiquée sur des enfants très jeunes et sans anesthésie, est souvent réalisée, selon elle, par des rabbins mal formés et dans de mauvaises conditions d’hygiène. Plus tardive, la circoncision musulmane serait, à l’inverse, effectuée dans de meilleures conditions, même si elle constitue elle aussi une atteinte aux droits des enfants. La députée estime par ailleurs que beaucoup de circoncisions pour motif médical pourraient être remplacées par des traitements alternatifs, et met en doute les affirmations de nombreux médecins, en particulier américains, sur l’intérêt préventif et hygiénique des circoncisions.
Si la résolution, non contraignante, a finalement été votée à une forte majorité, plusieurs parlementaires turcs ont tenté, sans succès, de faire supprimer certains paragraphes du texte, critiquant notamment « les circoncisions non médicalement justifiées » ou « le poids des traditions et de la religion ». Mais la majorité des parlementaires estiment que les droits de l’enfant doivent primer sur les traditions et souhaitent donc, pour cette raison, qu’un réel débat ait lieu au sein de la société. Cette « transparence » devrait aussi permettre d’aborder les risques et les inconvénients de la circoncision non justifiée médicalement. Par ailleurs, les parlementaires ont dénoncé, mais d’une manière nettement plus consensuelle, d’autres formes d’atteinte physique dont les enfants peuvent être l’objet contre leur gré : il s’agit en particulier des interventions médicales précoces sur les enfants intersexués mais aussi, beaucoup plus fréquemment, des interventions de chirurgie plastique pour des raisons purement esthétiques. De même, les piercings et les tatouages, voire le perçage des oreilles parfois effectué très précocement, ne devraient pas s’effectuer avant que les enfants ne puissent clairement exprimer leur opinion.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque