LES CAS D’AUTISME ont augmenté de manière significative aux États-Unis, c’est ce que montre l’étude réalisée par les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), publiée la semaine dernière. Le nombre de cas diagnostiqués chez les enfants a augmenté de 23 % de 2006 à 2008, pour s’établir à 1 sur 88 en moyenne, contre 1 sur 110 précédemment. L’étude révèle qu’en 2008, 11,3 enfants pour 1 000, âgés de 8 ans, étaient atteints de troubles du spectre autistique. Si la hausse est de plus de 20 % par rapport à la précédente estimation de 2006, elle atteint 78 % par rapport aux estimations de 2002. L’étude a été réalisée à partir des données de 14 sites du réseau de surveillance « Autism and developmental disabilities monitoring » (ADDM) mis en place en 2000. Les centres n’ont pas été sélectionnés pour être représentatifs de l’ensemble du territoire mais ils couvrent 8,4 % des enfants américains âgés de 8 ans soit 337 093 personnes. Selon les CDC, l’autisme toucherait un million d’enfants et d’adolescents aux États-Unis.
La hausse des cas d’autisme s’expliquerait en partie par une meilleure détection du syndrome, surtout chez les moins de trois ans, « mais nous ignorons jusqu’à quel point », a souligné le Dr Coleen Boyle (CDC). « Grâce à ces statistiques, nous savons désormais qu’une naissance prématurée, ou l’âge avancé des parents mettant au monde un bébé, contribuent à accroître le risque d’autisme chez l’enfant. » Les nouvelles données mettent en évidences des différences selon le sexe - l’autisme touche près de cinq fois plus les garçons que les filles - et souligne de fortes disparités entre les régions. Un enfant sur 210 est atteint en Albama, dans le sud du pays, contre un sur 47 dans l’Utah, un État situé dans l’Ouest. Il faut noter également que la plus forte augmentation a été constatée chez les enfants noirs et hispaniques.
Tester tous les enfants.
Si les diagnostics précoces chez les enfants de moins de trois ans progressent, ils restent encore trop tardifs : 40 % des cas diagnostiqués continuent d’intervenir autour de quatre ans et plus. Parmi les enfants nés en 1994, 12 % ont été diagnostiqués jusqu’à l’âge de trois ans. Ce chiffre est passé à 18 % pour les enfants nés en 2000. « Les chiffres montrent que les médecins sont de plus en plus efficaces pour dépister » les cas d’autisme, a expliqué le Dr Thomas Frieden, directeur des CDC. Mais « il est essentiel que les parents agissent sans attendre » au moindre signe suspect, a insisté le Dr Susan Hyman, présidente du sous-comité sur l’autisme à l’Académie américaine de pédiatrie (AAP). « L’AAP recommande que tous les enfants sans exception fassent des tests pour l’autisme à 18 et 24 mois », a-t-elle précisé.
Depuis sa création les analyses du réseau ADDM ont toujours été basées sur les critères de diagnostic DSM-IV-TR. Le projet de refonte des critères définissant l’autisme, lancé par la Société américaine de psychiatrie (APA) en janvier (DSM-5) pourrait affecter les estimations et compliquer la comparaison dans le temps. Les chercheurs des CDC et du réseau ADDM vont étudier les données pour comprendre dans quelle mesure les changements proposés vont affecter les estimations de prévalence actuelles. En revanche, ils rejettent les craintes exprimées par plusieurs psychiatres et fondations selon lesquelles la nouvelle nomenclature conduirait à l’exclusion d’enfants atteints de variantes de l’autisme, comme le syndrome d’Asperger.
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