Car la fonction du « Quotidien », l’information scientifique et professionnelle des médecins, ses lecteurs, apporte la même offre imperturbable, mais toujours transcendée par le souci d’en faire le forum de la médecine. Information et formation, tels sont les deux objectifs majeurs. Marie-Claude, comme nous l’appelions tous, n’avait nullement le projet d’en faire une tribune ou l’instrument d’un quelconque projet personnel. Elle n’avait pas d’autre désir que de laisser les médecins s’y exprimer autant qu’ils le souhaitaient, par le biais du courrier ou des expressions libres.
Une féministe
Médecin sérieux et appliqué, elle avait pour le journalisme la foi du charbonnier, tout en nourrissant la crainte de ne pas être assez performante dans ce second métier qu’elle avait appris sur le tas en puisant ses connaissances dans l’immense expérience de son mari. Mais elle était de ceux qui ont assez d’intelligence pour tout apprendre et, question journalisme, elle en connaissait un rayon. De la même manière, elle conçut son métier de chef d’entreprise, le troisième, comme la traduction de sa propre philosophie. Féministe en diable, elle ne se payait pas de mots. Elle s’est donc entourée de femmes qui avaient du talent ou l’ont acquis à son contact. Et c’est vrai que, en l’honorant ici, je me rappelle qu’un nombre élevé de femmes ont participé à la réalisation du « Quotidien », ce qui m’oblige – mais je le fais bien volontiers – à établir un lien entre elles et la qualité de notre production. Des femmes dont elle souhaitait en outre l’épanouissement personnel, en les encourageant à avoir des enfants et en les protégeant généreusement. Des femmes qui, comme elle, ont été en mesure, peut-être plus que dans d’autres entreprises, de concilier leur vie de famille et leur vie professionnelle. Des femmes qui, par leur dévouement, leur constance, leur sens des responsabilités lui ont bien rendu ce qu’elle leur avait donné. De ce point de vue, elle avait trouvé la voie naturelle de l’autorité, qui ne se situe ni dans son affirmation gratuite ni dans la position hiérarchique, mais dans la conduite d’un projet autour duquel toutes les bonnes volontés se rassemblent.
Une compassion infinie
Elle n’aimait pas quelques aspects de sa vie active, par exemple les questions budgétaires, les difficultés de gestion ou le protocole auquel l’exposaient ses fonctions. Mais elle assumait tout avec courage, ce courage qui a fait d’elle une parachutiste ou qui l’a envoyée un jour en Iran où, revêtue d’un voile intégral, elle cherchait son fils Sylvain, l’écrivain-explorateur, qui s’attardait de façon inquiétante dans cette contrée, mais en revint sain et sauf. Elle n’exprimait jamais les craintes qu’une mère a naturellement pour ses enfants et, une fois l’épreuve terminée, elle riait de ses aventures. De la même manière, elle n’aurait jamais exercé la moindre pression sur ses enfants pour qu’ils changent de vocation. Elle n’a jamais été vraiment choquée de ce que le jeune Sylvain fît de temps à autre l’ascension d’une cathédrale. Adepte de cette école du courage, elle n’en était pas moins le médecin attentif à la bonne santé de ses ouailles. On pouvait se plaindre d’un bobo, elle avait le remède. Elle avait une extraordinaire compassion, jamais mise en mots, pour les siens, pour ses collaborateurs et pour le monde. C’était un sentiment incroyable de savoir qu’on pouvait compter sur elle en cas de problème grave, qu’elle serait non seulement solidaire, mais efficace. Elle n’a quitté « le Quotidien » que pour créer « Équilibres & Populations », formidable levier pour l’aide à l’Afrique, remarquable instrument du planning familial. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ait autant donné aux autres et qui leur ait si peu demandé, sinon de s’améliorer eux-mêmes.
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