Les recommandations de la prévention de la transmission du VHB de la mère à l'enfant sont-elles correctement appliquées en France ? Le constat tiré par Santé publique France dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire est contrasté. Si le dépistage par l'AgHBs est très largement réalisé chez 97,0 % des femmes enceintes, il n'en est pas de même pour la sérovaccination des nouveau-nés.
Moins des deux tiers des nourrissons nés de mères infectées seraient correctement traités dans les 12 heures suivant la naissance. Un chiffre préoccupant quand le risque de transmission mère enfant peut atteindre 90 %, avec un taux de passage à la chronicité de 90 % chez le nouveau-né.
Ce travail a été réalisé à partir des données de l’Enquête nationale périnatale (ENP) 2016, recueillies par des sages-femmes enquêtrices auprès de l’ensemble des parturientes en France pendant une semaine. En 2011 déjà, l'étude Elfe avait montré que seuls les trois quarts des nouveau-nés de mères porteuses de l’AgHBs, pour lesquelles l’information était présente (85 %), auraient bénéficié de la sérovaccination qui associe des immunoglobulines anti-HBs et une première dose de vaccin dès la naissance.
Ici, l'objectif était double. Il s'agissait à la fois d'actualiser les estimations et d’étudier les facteurs associés à l’absence de statut AgHBs documenté, à la prévalence de l’AgHBs et à l’absence de sérovaccination des nouveau-nés.
Moindre vigilance pour les femmes nées en France
Dans cette enquête, le questionnaire médical était renseigné pour 13 241 femmes (13 472 naissances). La prévalence de l’AgHBs s'est avérée de 0,84 %, atteignant 5,5 % chez les mères nées en Asie ou en Afrique subsaharienne. Des chiffres proches de ceux de l'Italie (0,8 %) mais supérieurs à ceux du Royaume-Uni (0,5 %), de l'Espagne (0,1 %) ou des Pays-Bas (0,3 %). L'absence de statut AgHBs documenté était plus fréquente hors Île-de-France, pour les femmes suivies par un gynécologue-obstétricien ou un médecin généraliste (vs par une sage-femme) et pour celles ayant accouché en maternité privée.
Sur les 110 bébés nés de mères porteuses de l'AgHBs, la mise en œuvre de la sérovaccination n’était rapportée que pour 70 d'entre eux (63,6 %). La sérovaccination n'était pas réalisée pour 11,8 % et l’information était inconnue ou la question non renseignée pour 24,6 %, ce qui n'exclut pas que certains enfants aient pu néanmoins bénéficier de la prophylaxie. « Ceci soulève néanmoins la question du suivi de l’enfant, reposant sur l’administration de deux autres doses de vaccin anti-VHB et sur un dépistage au cours de la première année de vie », soulignent les auteurs.
Le seul facteur associé à l’absence de mise en œuvre de la sérovaccination était le fait que la mère soit née en France ou dans un pays autre que l’Afrique subsaharienne ou l’Asie. « Cela suggère une moindre vigilance chez les femmes moins exposées au VHB », est-il relevé alors qu'un constat similaire a été dressé au Danemark.
C Brouard et al. BEH, 31-32, 24 novembre 2020
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