Ségolène Royal fait des vagues à Dijon

La rechute mensuelle du PS

Publié le 17/11/2009
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Crédit photo : AFP

SÉGOLÈNE ROYAL a voulu bousculer le lent raffermissement de la cohésion socialiste, elle-même renforcée par les divisions de la droite depuis quelques semaines pour et démolir le fragile resaisissement du PS. Elle veut que rien ne se fasse au sein du parti qui n’ait son aval préalable. Sa stratégie de reconquête des socialistes est claire : elle agit très exactement comme si elle était partout indispensable, pour donner à l’opinion l’image d’un chef naturel, ce qu’elle n’est plus vraiment depuis son échec à la présidentielle. Depuis 2007, elle a multiplié les provocations, les actions purement personnelles (par exemple la distribution de kits contraceptifs dans sa région de Poitou-Charentes), tout en se tenant à l’écart du parti. Elle doit se présenter comme différente, et même comme une femme unique, celle qui, au-delà de toutes les querelles, est seule capable de réunir la gauche derrière son panache blanc. C’était vrai en 2007, ce ne l’est plus. Son arrivée inattendue à Dijon a exaspéré Vincent Peillon, qui, pourtant, a milité pour elle. De la même manière, l’arrogance de Ségolène Royal a entraîné le départ de nombre de ses collaborateurs importants, comme l’avocat Jean-Pierre Mignard, le mécène Pierre Bergé, le producteur Dominique Besnehard, M. Peillon lui- même et beaucoup d’autres.

Grande solitude.

Mme Royal est néanmoins remontée dans les sondages d’opinion après une traversée du désert. Mais sa solitude est grande. Ses fameuses « bonnes idées » qui, naguère, consistaient à emprunter à la droite une partie de ses thèmes, tombent à plat ces jours-ci. Plusieurs leaders socialistes ont renvoyé dos à dos M. Peillon et Mme Royal, mais la vérité est que l’ancienne candidate à la présidence est perçue aujourd’hui comme une éléphante de plus, qui allie le cynisme à l’arrogance. Et, pour faire bonne mesure, elle se déclare « meurtrie » par les vives déclarations de M. Peillon, qui la disqualifie désormais en tant que candidate en 2012, parce qu’elle n’est plus capable de rassembler le parti, ce qui ne nous semble pas relever d’une analyse absurde ou excessive. Elle joue, dans le même personnage, le rôle du primum inter pares et celui de la victime. Cette tactique aurait pu être efficace si, entre-temps, Mme Royal n’avait perdu une partie de sa crédibilité.

IL NE FAUT PAS RENVOYER PEILLON ET ROYAL DOS À DOS. C’EST LUI QUI A RAISON

Derrière chacune de ses déclarations ou de ses faits et gestes, on perçoit une forte dose d’hypocrisie.

C’est Vincent Peillon qui a raison. Si les socialistes sont sincères quand ils affirment qu’ils ne veulent plus entendre parler de bataille des chefs, la procédure de rassemblement de la gauche autour de thèmes susceptibles d’entraîner un consensus est la seule qui vaille. M. Peillon qui, face à Mme Royal, apparaît un peu comme le besogneux dominé par la grâce, n’est nullement un personnage politique négligeable. C’est un homme cultivé, jeune (49 ans), un excellent orateur et surtout un des leaders les plus cohérents du PS. Il peut nourrir de l’ambition à plusieurs titres.

Les jeux ne sont pas faits.

Mme Royal a ce fâcheux défaut de traiter les gens qui l’ont servie par le plus grand mépris. On se souvient des mots dédaigneux que la démission d’Éric Besson lui a inspirés. « Qui connaît Éric Besson ? », demandait-elle avec l’insouciance de Marie-Antoinette. Elle aura réussi à en faire le ministre de l’Immigration de Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, M. Besson est qualifié de traître par le parti, mais les socialistes oublient la manière révoltante dont Mme Royal l’a traité. Il en va de même pour tous ceux qui ont cru en elle, ont essayé de corriger ses caprices ou son hypocrisie, et qu’elle a abandonnés d’autant plus vite qu’ils avaient travaillé pour son compte avec un zèle sans bornes.

Bien entendu, les jeux ne sont jamais faits et le jugement de Vincent Peillon est prématuré. Il n’y a pas de jamais en politique et Mme Royal peut encore faire une OPA sur la gauche. Le problème vient de ce qu’elle nous a appris d’elle depuis deux ans et qui nous incite à nous demander si elle mérite nos suffrages. Il vaut mieux se poser cette question avant 2012, parce que nous avons déjà une ample expérience de ce que l’on nous promet avant le scrutin et de ce que l’on nous offre après.

IL NE FAUT PAS RENVOYER PEILLON ET ROYAL DOS À DOS. C’EST LUI QUI A RAISON

RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr