Les libéraux de santé ont souvent des idées mais les moyens font défaut pour accompagner et diffuser les projets innovants, et la rigidité du système de santé freine les meilleures volontés.
Autour de ce constat partagé, des représentants du ministère, de la CNAM mais aussi des experts ou parlementaires, réunis lors d'un colloque sur les soins primaires organisé par MG France, se sont accordés sur l'urgence de soutenir plus efficacement et rapidement les projets libéraux mis en place dans les territoires pour réussir le virage ambulatoire.
Nouvelles pratiques collaboratives, modes de rémunération alternatifs (au forfait, à l'épisode de soins, au parcours), santé connectée : le champ est immense. Nicolas Revel, directeur général de l'assurance-maladie, veut contribuer à lever « les rigidités du système » en organisant mieux la médecine de ville. « Il faut investir sur les structures regroupées, donner une réalité aux communautés professionnelles territoriales de santé et aux plateformes territoriales d'appui », a précisé le DG de la CNAM, qui souhaite aussi « diversifier la rémunération ».
Autre priorité : accélérer la mise en place et l'évaluation des expérimentations innovantes avant généralisation (ou retrait en cas d'échec), dans une logique de résultat. « Certaines ne démarrent que plusieurs années après le vote de la loi, comme la télémédecine, déplore Nicolas Revel. Surtout, il y a peu d'évaluation de ces expérimentations qui restent souvent sans relais national. »
Changer d'échelle
Christophe Lannelongue, directeur de l'ARS Grand Est, dresse le même constat inquiet de la difficulté à étendre les recettes qui marchent en matière de soins ambulatoires. « Dans le programme "Asalée" de coopération généralistes/infirmières, il y a 400 équivalents temps plein infirmiers embarqués, avec un objectif de 800, alors qu'il y a plus de 600 000 infirmiers libéraux et salariés en France », a-t-il expliqué.
L'actuel financement régional des projets innovants dans le cadre du FIR (3,3 milliards d'euros) présente des limites. Souvent, les actions soutenues ne sont ni connues, ni partagées. Les acteurs des soins de ville restent dépendants de crédits temporaires. Pour changer d'échelle, la CNAM propose un dispositif national d'appui aux innovations organisationnelles, assorti d'un fonds dédié, qui pourrait trouver sa place dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2018). Le Dr Olivier Véran, député LREM, rapporteur général de la commission des affaires sociales de l'Assemblée, se dit lui aussi favorable à un fonds « national ». « L'innovation organisationnelle est un enjeu majeur, ce sujet sera débattu », confirme Cécile Courrèges (DGOS, ministère de la Santé), souhaitant que « financement national et régional se complètent ».
Le syndicat de généralistes MG France réclame depuis des mois un fonds d'investissement sur les soins primaires. « Il faudrait mettre en place une instance nationale de pilotage, regroupant tous les syndicats de libéraux, et qui s'accorderait sur programme de travail pluriannuel, précise le Dr Jacques Battistoni, vice-président. Dès lors qu'un projet a montré qu'il est réalisable, le modèle doit être étendu et porté. Il faut rattraper le temps perdu ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation