À L’ORIGINE de l’infarctus du myocarde, on peut distinguer deux ordres de facteurs. Les facteurs de risque sur le long terme, qui président au développement de l’athérosclérose par exemple, et les facteurs qui sont à même de précipiter la survenue de l’infarctus.
En terme de santé publique, il est important de circonscrire l’importance de ces déclencheurs pour mettre en place des préventions adéquates. Le rôle des déclencheurs tels que l’alcool, la colère, l’effort physique, les événements stressants, un repas riche dans la survenue de l’événement est bien connu. La pollution ambiante fait partie de ces facteurs déclencheurs.
Une mesure telle que le risque attribuable dans la population (ou fraction étiologique du risque dans la population FER) constitue une méthode utile pour évaluer la pertinence et le poids d’un facteur déclenchant. La FER correspond à la proportion de cas de la maladie que l’on peut attribuer au facteur déclencheur dans l’ensemble de la population.
La FER dépend à la fois de la force de l’association entre le facteur et l’événement pathologique à un niveau individuel et de la fréquence de ce facteur dans la communauté. Autrement dit, c’est le nombre de cas qui pourraient être évités dans la population si le facteur était enlevé. Un facteur peu fréquent mais très fort sera préjudiciable au petit nombre d’individus qui le rencontreront, mais pèsera peu à l’échelle de la population.
Un outil épidémiologique.
« C’est certainement l’outil épidémiologique le plus utile pour les administrateurs de santé publique », soulignent Tim Nawrot et coll., les auteurs suisses et belges qui publient la méta-analyse.
Pour comparer les déclencheurs d’infarctus du myocarde au niveau individuel et à l’échelle de la population, les épidémiologistes ont recensé toutes les études portant sur les déclencheurs de l’infarctus du myocarde sur PubMed et sur Web of Science. Parmi tout ce qui est sorti, 36 études portant sur 13 déclencheurs de l’infarctus ont rempli les critères d’éligibilité.
Pour pour calculer la FER de chaque déclencheur, les épidémiologistes ont pris en compte les odds ratio et les fréquences. Ils montrent comment le concept de risque individuel relatif au risque de la population s’applique aux déclencheurs de l’infarctus. Ainsi, la cocaïne est de loin le déclencheur le plus fort à un niveau individuel (odds ratio 23,7). Mais comme son usage est peu répandu dans la communauté, seuls 0,9 % des cas d’infarctus sont déclenchés par ce toxique.
Un nouvel élément est représenté par la pollution de l’air. Les particules de moins de 10 µm de diamètre représentent l’élément polluant de l’air associé de la manière la plus constante au début des infarctus du myocarde. L’exposition à la cocaïne concerne 0,04 % de la population, et la pollution touche par contre tout le monde (100 %).
Les auteurs citent les déclencheurs de l’odds ratio le plus élevé à l’odds ratio le plus bas : la cocaïne, les repas riches, fumer de la marijuana, des émotions négatives, les efforts physiques, les émotions positives, la colère, l’activité sexuelle, l’exposition à la circulation automobile, les infections respiratoires, la consommation de café et la pollution de l’air.
En prenant en compte la prévalence de l’exposition, la FER la plus élevée est trouvée pour la pollution de l’air (FER de 5 à 7 %). Presque à égalité avec d’autres déclencheurs déjà bien reconnus tels que l’exercice physique (6,2 %), l’alcool et le café (5 % pour chaque).
« Notre travail montre qu’un risque de petite taille mais présent en permanence est susceptible d’avoir une pertinence et un intérêt très important dès lors que l’on parle en termes de santé publique. »
The Lancet, 24 février 2011, Doi : 10.1016/S0140-6736(10)62296-9
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